Comme
vous l'avez compris depuis un moment en me lisant, je suis
extrêmement à cheval sur la sécurité dans le BDSM. Je ne suis pas
sans savoir que pour certain(e)s qui me connaissent en réel je suis
même, et je l’assume parfaitement, très chiante avec cela.
Aujourd’hui,
je veux vous parler de sécurité encore, mais cette fois non pas sur
le plan physique mais sur le plan émotionnel.
Un
peu partout sur le net ou à travers vos expériences, vous avez pu
vous rendre compte qu’une “bonne” session de jeux libère en
nous tout un flot d'émotions.
Toutes
ses émotions très intenses sont certes le résultat des sensations qui ont été ressenties mais, plus terre-à-terre, liées à un simple
déferlement d’hormones, bref juste une question de chimie organique:
-
la phényléthylamine qui induit la sécrétion d’adrénaline, de noradrénaline (qui, entre autre, augmentent le rythme cardiaque comme on peut le vivre dans un sport extrême) et la dopamine avec ces effets énergisants et euphorisants (elle envoie un signal de bonheur qui nous pousse à reproduire l’expérience) ;
-
l’endorphine (il n’est plus utile de rappeler que cette hormone se déclenche lors de jeux où la douleur est induite mais aussi lors d'activités considérées comme ludiques et plaisantes) et son effet apaisant ;
-
Sans compter l’ocytocine qui va se déclencher après un orgasme pour les deux partenaires (et encore plus chez la femme si le partenaire se montre attentionné).
Jusque-là
rien de nouveau pour ceux qui comme moi se sont déjà intéressés à
l’aspect chimique de nos “jeux”.
Rien
de nouveau non plus, pour les curieux, que de remarquer que les
hormones que je viens de citer sont également celles dont les
scientifiques ont découvert qu’elles sont à l’origine du coup
de foudre et plus largement du sentiment amoureux.
Vous
allez me dire, “mais où veut-elle en venir ?”
Eh
bien voilà, je me suis rendu compte que parfois l’intensité des
jeux peut induire dans l’esprit d’un partenaire (ou des deux)
des sensations si intenses que certain(e)s les confondent avec le
sentiment amoureux, ce qui n'est, reconnaissons-le, pas ce que nous
cherchons forcément à provoquer .
Bien
loin de moi l’idée de juger les personnes qui se laissent ainsi
tromper par leur cerveau d’autant qu’il s’agit d’une réaction
très connue appelée "Erreur
d'attibution".
Mais
là où commencent les problèmes, c’est lorsque la personne
induite en erreur par sa chimie cérébrale [ne sait plus faire la
part des choses et ] se retrouve dans une situation qu’elle n’avait
pas prévue, amoureuse voir même en état de dépendance affective
(là encore une histoire d’hormones puisque certaines citées plus
haut ayant les même effets que les drogues il devient très facile
d’en devenir dépendant et donc de celui/celle qui les provoque).
Là
encore certain(e)s vont me dire “bon OK, mais où est le
problème ?” et ils auraient raison… enfin, dans une seule
situation : celle où les deux partenaires de jeux sont dans le
même état d’esprit.
Mais qu’advient-il lorsque un seul se retrouve dans cette confusion des sentiments ?
Qu’advient-il
lorsqu’il/ elle tombe sur une personne qui ne saura pas
l’accompagner et l’aider à faire la part des choses ?
Qu’advient-il
lorsque il/elle tombe sur une personne manipulatrice qui en jouera ?
Vous
allez avoir la personne immature sur le plan affectif ou juste
narcissique, qui ne saura pas plus faire la part des choses et qui se
sentira flattée, jusqu’au jour où la situation devenant trop
envahissante, les jeux moins sympathiques ou tout simplement dont
l’intérêt envers l'autre / la relation aura disparu, y mettra fin
brutalement sans se préoccuper de laisser quelqu’un sur le
carreau.
Ou
pire les manipulateurs(trices) qui joueront des sentiments de
l’autre pour l’emmener toujours plus loin sans prendre cas
des dégâts qu’ils/elles pourraient causer (à plus ou moins long
terme) et ce aussi bien sur le plan physique qu’émotionnel.
Et
que l’on ne s’y méprenne pas, les manipulateurs(trices), les
narcissiques et les immatures vous en trouverez aussi bien du côté
soumis que du côté dominant.
Alors
je vous en prie, préservez-vous autant sur le plan émotionnel que
sur le plan physique. Faites la part des choses. Ne confondez pas
tout: sensations, sexe, plaisir, désirs et sentiments. Et sachez toujours écouter cette petite voix en vous, car même
au plus fort des "sentiments", si il y a un problème, il y a toujours
en soi cette petite voix qui même pour un instant fugace vous dira :
“il y a un truc qui cloche”.
En fin de compte, soyez aussi prudent(e) dans vos rapports BDSM que vous le sauriez dans une relation vanille, car que l’on soit soumis(e) ou dominant(e) nous sommes avant tout des êtres humains avec nos forces et nos fragilités.
Prenez
soin de vous, avant tout.
Lady Agnès
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Merci pour cet article très intéressant qui met en évidence la confusion qui est très (trop) souvent faite entre émotions (que nous recherchons jusqu'à l'exacerbation) et les sentiments (qui de prime abord sont extérieurs aux "jeux"). Je pense qu'on retrouve la même problématique dans bien des domaines comme le libertinage et l'échangisme par exemple. Sans faire de la psychologie (je n'ai pas compétence pour cela) je me demande à quel point on ne trouverai pas un effet similaire dans les conséquences du syndrome de Stockholm ?
RépondreSupprimerJe vous rejoins totalement lorsque vous mettez en évidence que cette mise en état psychologique (qu'on pourrait qualifier de vulnérable alors) peut être exploitée par des personnes soit irresponsables soit malveillantes.
C'est un aspect que de nombreux Dom ont tendance à ne pas prendre en compte, et pourtant c'est un aspect essentiel.
Encore une fois grand merci à vous pour cet article.