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18 décembre 2017

BDSM et confusion des sentiments


Comme vous l'avez compris depuis un moment en me lisant, je suis extrêmement à cheval sur la sécurité dans le BDSM. Je ne suis pas sans savoir que pour certain(e)s qui me connaissent en réel je suis même, et je l’assume parfaitement, très chiante avec cela.
Aujourd’hui, je veux vous parler de sécurité encore, mais cette fois non pas sur le plan physique mais sur le plan émotionnel.

Un peu partout sur le net ou à travers vos expériences, vous avez pu vous rendre compte qu’une “bonne” session de jeux libère en nous tout un flot d'émotions.
Toutes ses émotions très intenses sont certes le résultat des sensations qui ont été ressenties mais, plus terre-à-terre, liées à un simple déferlement d’hormones, bref juste une question de chimie organique:
  • la phényléthylamine qui induit la sécrétion d’adrénaline, de noradrénaline (qui, entre autre,  augmentent le rythme cardiaque comme on peut le vivre dans un sport extrême) et la dopamine avec ces effets énergisants et euphorisants (elle envoie un signal de bonheur qui nous pousse à reproduire l’expérience) ;
  • l’endorphine (il n’est plus utile de rappeler que cette hormone se déclenche lors de jeux où la douleur est induite mais aussi lors d'activités considérées comme ludiques et plaisantes) et son effet apaisant ;
  • Sans compter l’ocytocine qui va se déclencher après un orgasme pour les deux partenaires (et encore plus chez la femme si le partenaire se montre attentionné).

Jusque-là rien de nouveau pour ceux qui comme moi se sont déjà intéressés à l’aspect chimique de nos “jeux”.
Rien de nouveau non plus, pour les curieux, que de remarquer que les hormones que je viens de citer sont également celles dont les scientifiques ont découvert qu’elles sont à l’origine du coup de foudre et plus largement du sentiment amoureux.

Vous allez me dire, “mais où veut-elle en venir ?”
Eh bien voilà, je me suis rendu compte que parfois l’intensité des jeux peut induire dans l’esprit d’un partenaire (ou des deux) des sensations si intenses que certain(e)s les confondent avec le sentiment amoureux, ce qui n'est, reconnaissons-le, pas ce que nous cherchons forcément à provoquer .
Bien loin de moi l’idée de juger les personnes qui se laissent ainsi tromper par leur cerveau d’autant qu’il s’agit d’une réaction très connue appelée "Erreur d'attibution".

Mais là où commencent les problèmes, c’est lorsque la personne induite en erreur par sa chimie cérébrale [ne sait plus faire la part des choses et ] se retrouve dans une situation qu’elle n’avait pas prévue, amoureuse voir même en état de dépendance affective (là encore une histoire d’hormones puisque certaines citées plus haut ayant les même effets que les drogues il devient très facile d’en devenir dépendant et donc de celui/celle qui les provoque).
Là encore certain(e)s vont me dire “bon OK, mais où est le problème ?” et ils auraient raison… enfin, dans une seule situation : celle où les deux partenaires de jeux sont dans le même état d’esprit.

Mais qu’advient-il lorsque un seul se retrouve dans cette confusion des sentiments ?
Qu’advient-il lorsqu’il/ elle tombe sur une personne qui ne saura pas l’accompagner et l’aider à faire la part des choses ?
Qu’advient-il lorsque il/elle tombe sur une personne manipulatrice qui en jouera ?
Vous allez avoir la personne immature sur le plan affectif ou juste narcissique, qui ne saura pas plus faire la part des choses et qui se sentira flattée, jusqu’au jour où la situation devenant trop envahissante, les jeux moins sympathiques ou tout simplement dont l’intérêt envers l'autre / la relation aura disparu, y mettra fin brutalement sans se préoccuper de laisser quelqu’un sur le carreau.
Ou pire les manipulateurs(trices) qui joueront des sentiments de l’autre pour l’emmener toujours plus loin sans prendre cas des dégâts qu’ils/elles pourraient causer (à plus ou moins long terme) et ce aussi bien sur le plan physique qu’émotionnel.
Et que l’on ne s’y méprenne pas, les manipulateurs(trices), les narcissiques et les immatures vous en trouverez aussi bien du côté soumis que du côté dominant.

Alors je vous en prie, préservez-vous autant sur le plan émotionnel que sur le plan physique. Faites la part des choses. Ne confondez pas tout: sensations, sexe, plaisir, désirs et sentiments. Et sachez toujours écouter cette petite voix en vous, car même au plus fort des "sentiments", si il y a un problème, il y a toujours en soi cette petite voix qui même pour un instant fugace vous dira : “il y a un truc qui cloche”.

En fin de compte, soyez aussi prudent(e) dans vos rapports BDSM que vous le sauriez dans une relation vanille, car que l’on soit soumis(e) ou dominant(e) nous sommes avant tout des êtres humains avec nos forces et nos fragilités.
Prenez soin de vous, avant tout.


Lady Agnès



1 commentaire

  1. Merci pour cet article très intéressant qui met en évidence la confusion qui est très (trop) souvent faite entre émotions (que nous recherchons jusqu'à l'exacerbation) et les sentiments (qui de prime abord sont extérieurs aux "jeux"). Je pense qu'on retrouve la même problématique dans bien des domaines comme le libertinage et l'échangisme par exemple. Sans faire de la psychologie (je n'ai pas compétence pour cela) je me demande à quel point on ne trouverai pas un effet similaire dans les conséquences du syndrome de Stockholm ?
    Je vous rejoins totalement lorsque vous mettez en évidence que cette mise en état psychologique (qu'on pourrait qualifier de vulnérable alors) peut être exploitée par des personnes soit irresponsables soit malveillantes.
    C'est un aspect que de nombreux Dom ont tendance à ne pas prendre en compte, et pourtant c'est un aspect essentiel.
    Encore une fois grand merci à vous pour cet article.

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