Comme le titre l'indique, je veux aujourd'hui parler de l'estime de soi chez les soumis(es) ou plutôt du manque d'estime de soi.
Faut-il avoir vécu un traumatisme pour en arriver à se soumettre? Un(e) soumis(e) est-il/elle un être foncièrement mal dans sa peau? Se soumettre est-ce forcément rechercher l'humiliation, la dégradation, la souffrance?
Et dans ce cas, qu'en est-il des Doms dans tout cela: que cherchent-ils? Quelqu'un à humilier à loisir? Entraîner encore plus bas celui/celle qui se sent déjà moins que rien? Ou autre chose?Faut-il avoir vécu un traumatisme pour en arriver à se soumettre? Un(e) soumis(e) est-il/elle un être foncièrement mal dans sa peau? Se soumettre est-ce forcément rechercher l'humiliation, la dégradation, la souffrance?
La question du traumatisme et du manque d'estime de soi qui mène au BDSM, nous l'avons tous vue ou entendue un jour... que ce soit dans "50 nuances..." où l'homme, dont la mère biologique était une droguée, "exorcise" son mal-être en devenant, encore adolescent, le soumis d'une Mrs. Robinson Dominatrice puis à son tour Dom; dans "la Secrétaire" (au demeurant un très beau film) où l’héroïne est une jeune femme qui se scarifie et qui finit par trouver dans la soumission une catharsis libératrice ou plus simplement dans l'esprit et les propos de beaucoup de personnes qui ne connaissent du BDSM que l'image d'Épinal :"il faut avoir vécu un truc terrible pour en arriver là". Chose plus étonnante, cette question, je l'ai aussi entendu en Munch.
Bref, on n'est pas loin du raccourci psychologique qui dit qu'une victime est destinée à reproduire le schéma de sa victimisation dans chacune de ses relations, faisant ainsi des soumis des personnes qui choisissent de se mettre dans une situation de souffrance parce que c'est tout ce qu'ils/elles connaissent.
D’après ce que j'ai pu constater, dans ma toute petite expérience en tant que Dominatrice et en tant qu'observatrice des comportements des uns et des autres aussi bien en réel qu'en virtuel, il y a en effet beaucoup de personnes mal (voir très mal) dans leur peau (comme on dit). Je ne saurai pourtant dire si la proportion est plus important dans notre "petit" monde que dans le reste de la société.
Cependant, en effet, aux vues de nos pratiques, il est évident que les personnes qui sont déjà fragiles peuvent l'être encore plus, soit à cause de leurs propres quêtes soit à cause de l'influence de Doms peu scrupuleux ou juste non attentifs.
Les Doms justement...
Eh bien que dire... sinon que je suis souvent étonnée d'entendre ou de rencontrer des soumis(es) qui pendant ou après une relation même de longue durée traînent toujours une image déplorable d'eux/elles-même ou de lire des phrases du type "Je n'existe qu'à travers lui".
Alors bien sur, comme l'a dit un Dom sur son blog il y a peu, les Dominants ne sont pas des psy et ils n'ont pas non plus vocation à résoudre les troubles psychologiques de leurs partenaires de jeux.
Cependant, je suis convaincue que sur le plan de l'estime de soi nous pouvons, par notre manière de dominer la personne, apporter quelque chose de bénéfique. Alors, pourquoi ne pas tout faire pour que la personne que nous dominons acquiert cette confiance et cette estime d'elle qui lui font défaut?
Mais, bien entendu, pour qu'un(e) Dom soit dans cette démarche, encore faut-il qu'il ne pense pas qu'à lui, qu'à son propre plaisir quand il domine. Qu'un(e) Dom soit avant tout dans la bienveillance à l’égard de celui/celle qui s'offre.
Voici des exemples qui vous parlerons bien mieux que de longues explications: celui d'une soumise qui manque de confiance en elle à cause de ses rondeurs. La soumise explique à son Maître, qu'elle voudrait participer à un gang-bang pour se sentir désirer par plusieurs hommes. Que feriez-vous à la place du Maître?
Organiseriez-vous un gang-bang avec des hommes qui aiment les femmes rondes (ce qui lui apporterait peut-être une satisfaction immédiate)? Où privilégieriez-vous une action dont le résultat serait plus durable en imposant à la soumise un régime et quelques exercices de sport... Ainsi, il y aurait pour elle non seulement la fierté d'avoir réussi à suivre les règles strictes qui lui seraient imposées mais aussi la satisfaction de perdre du poids et d’avoir ainsi un corps qui lui plaise et avec lequel elle se sentirait plus à l'aise. Et, bien entendu, après, rien n’empêche de ré-envisager la réalisation de son envie....si elle l'a toujours.
Un autre exemple: un soumis qui doute tellement de lui qu'il n'ose passer un concours, trop convaincu d’échouer. Pourquoi ne pas lui imposer un programme drastique de révisions afin que cela mette toutes les chances de son coté pour la réussite de son concours?
Comme vous l'avez compris, je pense qu'un Dominant peut faire progresser un(e) soumis(e) bien au-delà des pratiques BDSM. Et que se soumettre peut permettre à quelqu'un d'avancer sur le plan personnel.
Alors, je m'interroge: comment expliquer qu'il y ait autant de personnes qui se mésestiment bien qu'elles aient déjà vécus plusieurs relations D/s?
S'agit-il des Doms qui ne recherchent que leur satisfaction personnelle? Une solution de facilité que de dominer quelqu'un dont l'ego est déjà mal-en-point? Ou des soumis(es) qui vont systématiquement vers ceux/celles qui vont leur permettent de se complaire dans leur mal-être? Est-ce la seule façon qu'ils/elles ont trouvé d'exister, même mal, même au risque de se perdre encore plus?
Bref, vous le constatez, il reste plus de questions que de réponses...
Lady Agnès