Il y
a des « candidats » qui éveillent en moi le côté le
plus sombre : les pleurnichards, les pleureuses, les boulets,
les supplicateurs, ceux qui deviennent larve et insistent alors que
j’ai répondu gentillement que je ne suis pas intéressée.
Ils
me donnent parfois l’envie furieuse de les accepter à mes pieds
juste pour explorer mon coté le plus obscur : les faire ramper
encore plus qu’ils le font en virtuel, les traiter plus bas que
terre, les piétiner de mes pieds et de mon mépris, les humilier,
leur « cracher à la gueule » (ce n'est pas l'imagination qui me manque), juste pour voir s’ils sont aussi pitoyables en
réel qu’en virtuel, juste pour voir jusqu’où je pourrais aller.
Ne pas avoir le moindre égard pour eux : après tout, pourquoi aurai-je pour eux le moindre respect alors qu’ils n’ont eux aucun respect ni pour mon refus ni pour eux-mêmes…
Vous allez me dire : « Qu’est ce qui Vous en empêche ? »
C’est là toute la question…
Est-ce la « morale », la petite voix qui dit « c’est pas bien , il ne faut pas traiter une personne comme ça », vous savez cette petite voix qui nous vient de l’éducation, de la morale commune. Mais une fois que l’on s’est lancé dans le BDSM, que reste-t-il encore de cette petite voix ? Du moment qu’il y a consentement, que reste-t-il qui ne soit pas acceptable ? Après tout, nous transgressons déjà bien la morale (judo-chrétienne et même de toute autre religion)…
Est-ce la peur de l’image de moi que je donnerais à voir aux autres ? Bah, ça je m’en fous un peu et, en plus, ce qui se passe entre deux personnes consentantes ne concerne qu’elles.
Est-ce la peur de l’image que j’aurais de moi-même ? En fait oui, un peu. En effet, nous sommes là dans le genre de situation qui peut mener loin, qui peut mener à non pas une perte de contrôle mais plus à me révéler à moi-même des aspects plus obscurs que je ne pourrais l’imaginer. Jusqu’où irais-je ? Jusqu’où cela me mènerait-il ? Qui peut dire à quelle profondeur nous emporterait le fait de plonger dans un puits d’obscurité ? Et qui nous serons en en ressortant?
Pour
le moment, la chose qui me retient est surtout le fait que je sais
que ces personnes sont déjà fragiles. On ne se rabaisse pas ainsi
sans que ce soit le signe d’une faille psychologique profonde, sans
que ce soit le signe d’un manque d’estime de soi. Et
rajouter de l’humiliation sur cela serait enfoncer encore plus la
personne dans ce manque d’estime, pourrait même la briser psychologiquement, une forme d'abus de faiblesse...
On
pourrait me dire : eh bien justement, apprenez-leur à travers
la soumission à gagner en estime d’eux-mêmes… mais voilà, je ne
suis pas psychologue ni assistante sociale, je ne suis pas là (et
plus largement le BDSM) pour
redonner à une personne l’estime d’elle qu’elle a perdu ou
peut-être jamais eu. Et puis, comme je l’ai dit au début, ils me
donnent plus envie de les
piétiner qu’autre chose, ils titillent bien plus mon côté
sombre que ma bienveillance: plus ils se rabaissent, plus j’ai envie
d’appuyer ma botte sur leur visage.
Alors
non, je ne cède pas à ce penchant, non je ne cède pas à cette
tentation, car elle serait à n’en pas douter le risque de la destruction de la personne et
aussi
celui
de me perdre en route.
Alors non, je ne cède pas, je
me fixe cette limite, je ne tente pas la Démone qui est en moi…
mais bon sang, qu’est-ce que cela me démange parfois !...