← Partie2
(Lady) Agnès, les hommes et féminisme
Et moi dans tout cela? Quel
est mon rapport aux hommes en tant que femme dans cette société? Avec
quel état d’esprit est ce que je domine les hommes dans le cadre
du BDSM ?
Agnès
et les hommes
Par
exemple, être
une femme qui ne
voulait pas
d’enfant, cela a été m’exposer à des réactions qui m’ont
paru (et me le paraissent toujours) incompréhensibles,
des réactions auxquelles n’aurait pas eu droit un homme dans la
même position:
Mais
bon, comme
beaucoup de
femmes,
j’ai
fait « avec » comme on dit et j’ai fait mon petit bout
de chemin du mieux possible.
Ce
chemin aurait-il été plus facile si j’avais été un homme?
Peut être...
ou pas, puisque
eux subissent d’autres problématiques
(compétition,
non respect de l’équilibre vie pro/vie privée, etc.).
«Même quand une femme domine elle n’est là que
pour répondre aux désirs sexuels de l’homme donc dans une sens
elle est aussi une victime
- ah ben ça tombe mal, ai je
répondu, moi les hommes ils ne me touchent pas en en plus je les
prive de tout plaisir sexuel !
- ben
c’est pas bien non plus, a
t elle
fini par me lâcher». N’en
déplaise à certaines,
je
ne me sens pas une mauvaise personne car,
le BDSM est consensuel quel que soit le sens de la Domination
/soumission. Je
ne me sens pas
non plus
la victime des hommes et de leur désir. Et
si elles discutaient un peu avec moi, elles sauraient que, au-delà
des pratiques BDSM, au-delà du respect de l’homme soumis envers la
femme dominatrice, j’essaie d’apprendre à ces hommes comment
mieux respecter la femme en général, comment se sortir du schéma
patriarcal.
Alors
oui, des femmes
qui sont devenues dominatrices pour des mauvaises raisons, il y en a.
Tout comme il y a des hommes qui y sont venus pour utiliser le
prétexte du BDSM pour abuser et avilir des femmes. Mais le
problème ne vient pas du BDSM mais encore et toujours des individus.
Comme
je le disais dans la partie 1 de cette série: ma
vie de femme est déjà bien avancée et mes combats liés
à ma condition de femme je les ai déjà pas mal affrontés et
surmontés.
Mon
parcours de vie a fait que j’ai dû apprendre à fonctionner avec
cette société telle qu’elle était et
qu’elle est encore: faite pour et par des hommes.
«comment?!
Tu ne veux pas d’enfant, mais tu es une femme?
-
Ben oui et alors, ce
n’est pas parce que j’ai un utérus que je suis pour autant
obligée de l’utiliser! »
«tu
n’as pas peur de le regretter un jour?
-
Et toi, tu regrettes d’avoir un enfant? Non, alors pourquoi moi
devrais je regretter ce qui est tout autant un choix que celui que tu
as fait?»
«Ah
désolée Madame mais cette opération n’est possible que pour les
femmes de plus de 35 ans et qui ont déjà deux enfants.»
J’ai
aussi connu les entretiens professionnels où j’ai entendu:
« Vous
êtes en couple, vous n’avez pas besoin d’un emploi à temps
complet. »
« Vous
êtes célibataire, j’imagine donc que dès que vous aurez un
conjoint vous arrêterez de travailler donc autant vous mettre en
CDD. »
« Vous
n’avez pas indiqué votre situation maritale. »
« ah,
vous n’avez pas d’enfant
-
en effet et je n’ai pas prévu d’en avoir
-
Vous risquez de changer d’avis et moi je ne veux pas prendre le
risque que vous partiez en congés maternité »
Ironique
tout de même, d’un coté on attend des femmes qu’elles fassent
des enfants, mais de l’autre le fait qu’elles puissent en avoir
devient un risque pour un employeur. Cherchez la logique dans tout
ça!
Quel
employeur lors d’un entretien d’embauche dira à un homme
« vous
n’avez pas besoin d’un salaire complet, si votre femme
travaille. »
« ah
vous avez des enfants! Du coup vous allez vouloir des horaires
compatibles pour pouvoir vous occuper de vos enfants! »
Ce
ne sont que des
exemples,
de
ce à quoi j’ai été confrontée
parce que je suis une femme dans
une société à tendance patriarcale (et où, entre autre, la femme est encore réduite au
rôle de génitrice, de gardienne du foyer et où son statut social
dépend encore de l’homme).
Ai-je
trouvé cela injuste? Oui.
Est ce que je le trouve encore injuste alors
que je n’y suis plus confrontée?
Oui.
Pourtant
tout
ceci est bien la preuve qu’il y a encore du "boulot" comme je l’ai dit précédemment, autant dans la société civile,
que dans les mentalités, collective comme individuelles. Et bravo à
toutes celles et
ceux
qui continuent la lutte pour les droits des femmes.
Sur
le plan personnel,
de
mes rapports
avec les hommes en tant que femme, j’ai
appris à fonctionner autant avec la toxicité d’hommes qu’avec
celle
de femmes, et si j’ai dû
plus souvent composer avec celle d’hommes c’est
parce que en tant que femme plutôt hétéro et qui, pendant
longtemps, n’avait aucun attrait pour la compagnie (même amicale)
des femmes, j’ai côtoyé plus d’hommes que de femmes dans ma vie
(chaque statistique a
sa base de données à prendre en compte).
À fréquenter des
hommes, j’ai appris qu’ils sont capables de tout, du meilleur comme du pire.
Et puis, avec le temps, en ayant plus
de femmes
dans mon
entourage professionnel comme privé,
j’ai compris
que
la toxicité n’est pas l’apanage des hommes,
que des
femmes peuvent l'être tout autant et qu’il est hypocrite de ne pas le
reconnaître.
Pour
moi, la toxicité n’est donc pas une question de genre ni de sexe,
mais une question d’individu.
Voilà
pourquoi je n’ai pas de haine envers les hommes et pourquoi je n’ai
pas peur de tous les hommes (comme le fait d'avoir croisé des femmes toxiques ne pas fait avoir peur de toutes les femmes).
Voilà
aussi
pourquoi,
même
si je n’ai pas toujours une très bonne opinion de certains hommes,
même s’il m’arrive de tenir des propos sexistes envers eux (si,
si, le sexisme c’est valable dans les deux sens!), même si je
considère que la plupart (surtout ceux sur la toile) pensent plus
avec leur « service trois pièces » qu’avec leur
cerveau, même si les
hommes n’ont pas toujours été des éléments positifs dans ma
vie, je
ne m’en prendrai jamais un homme uniquement parce qu’il est un
homme.
Je
ne suis donc ni pour l’agressivité
ni
pour la mise à l’écart des hommes des combats féministes car je
pense que,
comme ce n’est pas en frappant un enfant ni en le rabaissant qu’on
l’éduque, ce n’est pas non plus en étant dans le « bashing »
de tous les hommes que l’on fera évoluer la société et les
hommes.
Comme
je l’ai déjà dit ailleurs, selon moi, ce n’est pas contre mais avec les
hommes que les choses évolueront.
Lady
et les hommes
Si
on observe bien le
discours des radfems,
elles
ne
s’intéressent qu’aux femmes soumises à des hommes
dominants
BDSM
(dans
l’image 1 dans
la partie 2 de cette série d’article, elles
parlent
de « quelqu’unE », comme
si humilier
quelqu’UN ne
serait pas un problème),
mais quid des hommes soumis ?
Et
la femme Dominatrice, est-elle aussi une "abuseuse"?
Nous
leur avons dit à
plusieurs reprises que
le BDSM ce n’est pas seulement un homme qui domine une femme et je
les
ai interrogé sur les
femmes
dominatrices
qui dominent
des
hommes (en
indiquant que je suis une de ces femmes) et
bien là grand silence, personne n’a commenté
ni répondu.
J’ai insisté plusieurs
fois et
finalement une qui était
venue nous relancer sur une page BDSM après que nous
nous soyons
faites bannir
de la leur m’a
répondu
J’ai
presque éclaté de rire tant j’ai eu l’impression de recevoir
une gentille tape sur les doigts. Contraste
saisissant à coté de leurs
réactions
vis à vis des hommes qui dominent.
J’ai aussi
souvent
entendu (y compris dans la communauté BDSM) que les Dominatrices
sont en fait des femmes qui détestent les hommes, qu’elles se
défoulent sur eux, qu’elles leur font payer quelque chose, que
nous voulons castrer les
hommes (moralement
à défaut de pouvoir le faire physiquement). Cliché
qui sent le relent patriarcal. Pourquoi
une femme qui domine serait-elle dans la haine alors que les hommes
dominants
ne sont pas vu comme des hommes qui haïssent les femmes? Relent
patriarcal qui voit toujours la femme comme une petite par nature
soumise à l’homme! Mais
un relent qui voit aussi l’homme soumis comme un sous-homme
(castré=sous homme)!
|
[photo internet] |
N’en déplaise à certain(e)s, chez moi aucune recherche de vengeance, aucune envie de destruction des hommes. Au contraire, pour moi, dominer c’est du partage et je ne vis ce partage qu’avec des personnes que je respecte (et qui me respectent en retour) et si je transmets à mes soumis des valeurs féministes, si je leur apprends comment être encore plus respectueux envers les femmes en général, je ne le fais pas un fouet à la main mais lors de nos échanges d’humain à humain.
N'en déplaise à certain(e)s, je ne me considère pas comme intrinsèquement supérieure aux hommes et j'accueille la soumission d'un homme non comme un dû mais comme un cadeau et ce n'est que lorsque l'humain s'offre à l'autre humain, dans un choix pris d'égal à égale, qu'un rapport (gynarchique) Dominante/soumis se met en place.
Être
une femme dominatrice BDSM avec
des convictions féministes cela implique aussi pour moi:
ne
pas
accepter le respect envers la dominatrice que je suis, si il n’y a
pas d’abord respect de la femme. Car, l’un sans l’autre n’est
qu’une mascarade;
ne
pas accepter en soumis un homme en couple sans avoir d’abord
échangé avec sa femme pour
être certaine qu’elle accepte cette relation,
car j’estime que je participerai à un mensonge envers une autre
femme;
rappeler
aux hommes soumis
qui
rêvent que leur compagne devienne dominatrice, que ce n’est pas
à eux d’imposer leurs envies mais à leur compagne de faire ce
dont elles elles ont envie (y compris ne pas devenir dominatrice);
que
la soumission ce n’est pas qu’une question de pratiques BDSM
mais un état d’esprit de dévotion;
que
même si leur compagne ne devient pas domina ils ont toujours la
possibilité de devenir de meilleurs compagnons plus attentifs et
dévoués.
Ne
pas échanger avec de ces soumis qui prétendent respecter les
femmes mais ne préviennent
personne qu’ils sont soit marié soit déjà en relation avec une
Dominatrice (comment
peut on prétendre respecter les femmes et manquer de respect en n'affichant pas clairement sa situation);
n’avoir
aucun intérêt (ni
pour pratiquer ni même pour échanger) pour
ces hommes qui cherchent des pratiques avec n’importe qui
n’importe comment et
se moquent bien de la femme dans la paire de bottes (une
façon de considérer la femme comme un objet uniquement là pour
satisfaire leurs pulsions);
n’avoir
aucun intérêt pour ceux qui voient la femme dominatrice comme un
fantasme « sur jambes » et non
comme un être humain (car
c’est encore une façon de considérer la femme comme un objet
uniquement là pour satisfaire leurs pulsions);
c’est
aussi avoir une page Facebook où je ne parle pas que de BDSM, mais
où je mets aussi en lumière tout
ce qui en
lien avec
la condition féminine.
Lady Agnès