ou "être SUB ou BOTTOM"
« comment
faire pour que ma femme me domine ? »
« j’ai
dit à ma femme que j’ai envie de porter une cage de chasteté,
elle a refusé »
ou
pire, « Avez-vous un moyen infaillible pour la convaincre ? »
« Je
voudrais porter une cage pour lui être dévoué, fidèle et aimant »
(j’avoue que celle-ci m’a fait bondir et que je ne me suis pas
gênée pour lui faire une réponse de mon cru)
Voilà un échantillon de ce que je peux lire sur des forums de discussions.
J’ai
aussi reçu des messages en privé d’hommes qui ont le fantasme de
se soumettre à leur épouse et voici ce que j’ai répondu :
« Lui as-tu déjà parlé de ces envies ?
« Lui as-tu déjà parlé de ces envies ?
– oui,
mais elle ne veut pas
– Tu
ne feras pas aimer le chocolat à qui ne l’aime pas. Tout ce qu’il
te reste à faire c’est, au quotidien, de tout faire pour t’offrir
à elle du mieux possible, de te dévouer à elle. »
Bon,
là je vous ai fait la version courte, mais c’est bien souvent la
conclusion à laquelle j’arrive lorsque la conjointe s’avère
hermétique à tout ce qui touche au BDSM ou même au simple “échange
de pouvoir” au sein de son couple (au quotidien ou juste dans
l’intimité).
Faisons
déjà, pour commencer, un peu de sémantique : que
signifie “se soumettre” ?
Voici
quelques définitions que l’on peut trouver
-
le fait d’accepter une décision imposée parce que cette dernière à valeur d’autorité
-
se plier aux règles ou aux exigences d’une autre personne, obéir, se conformer à…
-
synonymes : céder, succomber, abandonner, accepter, acquiescer…
Ces
définitions nous éclairent déjà un peu plus sur le sujet :
se soumettre c’est donc reconnaître une autorité et lui obéir.
A-t-on
déjà vu un employé dire à son patron : « Je veux que
vous exigiez que je traite 30 dossiers par jour » ? NON !
Ce qui se passe c’est que votre patron entre dans le bureau et vous
dit « je veux que cette pile de dossiers soit traitée pour ce
soir. » Il vous donne un ordre, vous exécutez (enfin en
théorie). Après, rien ne vous empêche d’apprécier votre
travail…
Dans
le BDSM, il en va de même : si vous voulez vous soumettre à
quelqu’un, ce ne sera plus vous qui déciderez mais l’autre,
celui/celle à qui vous aurez reconnu et remis une autorité sur
vous.
Alors,
bien sur, il y a dans tout cela plusieurs degrés de “remise
d’autorité”, mais si vous relisez ce
document, vous constaterez que dans les degrés les plus bas, il
ne s’agit plus tout à fait d’une acceptation d’une autorité
mais juste celle de subir quelque chose, je dirais même presque
d’une prescription, d’un échange de bons procédés :
« j’ai envie de subir ceci, acceptez-vous de me
l’infliger ? »
Prenons un exemple concret : mettons un adepte du fouet qui court les soirées pour trouver des “fouetteuses" devant une Dame qui au lieu de le fouetter va lui demander de lui masser les pieds. Vous pouvez être certain·e·s que s’il n’a pas sa “petite séance" de fouet, il partira bien vite à la recherche d’une autre qui elle le fouettera…
Prenons un exemple concret : mettons un adepte du fouet qui court les soirées pour trouver des “fouetteuses" devant une Dame qui au lieu de le fouetter va lui demander de lui masser les pieds. Vous pouvez être certain·e·s que s’il n’a pas sa “petite séance" de fouet, il partira bien vite à la recherche d’une autre qui elle le fouettera…
Et
pourtant, comme la plupart, il est arrivé aux pieds de la première
“humblement” en lui disant « je veux me soumettre à vous,
je veux subir votre fouet ». Mais… regardez cette phrase…
ne voyez-vous pas qu’il y a déjà un “problème”, une
incompatibilité ? Depuis quand peut-on dire que l’on souhaite
obéir à quelqu’un (si on reprend la définition de se soumettre)
et en même temps lui dire quel ordre on souhaite ? Vous voyez
vous arriver le matin au bureau et dire à votre boss « Aujourd’hui,
je veux que vous me disiez de traiter 40 dossiers » ? MDR
dessin de Lachatte
La
différence ? Me demanderez-vous…Eh bien, elle se situe dans
l’état d’esprit.
Revenons à l’exemple du patron et de l’employé. L’ordre est le même : vous devez finir votre pile de dossiers.
Revenons à l’exemple du patron et de l’employé. L’ordre est le même : vous devez finir votre pile de dossiers.
Quel
que soit l’employé (bien entendu à condition que vous soyez un
employé consciencieux), vous allez exécuter la tache. Mais là où
les choses peuvent varier d’un employé à l’autre, ce sera
l’état d’esprit : l’un exécutera la tache avec sérieux,
car il a une conscience professionnelle et le goût du travail bien
fait et l’autre le fera dans le but de satisfaire son boss.
Commencez-vous
à comprendre où je veux en venir ? Eh bien oui, il y a
“soumission” et “soumission”, l’une met au centre les goûts
et les envies de la personne qui subit et l’autre est tournée vers
la satisfaction qui est donnée à la personne dominante.
En
français, on utilise le terme de “soumis” à toutes les sauces,
cela finit par ne plus rien dire du tout, du moins plus rien de clair
pour ceux qui l’entendent.
Au
moins, en anglais, les choses sont plus nuancées, compréhensibles,
il y a le SUB et il y a le BOTTOM. Le premier se soumet, s’offre à
l’autre, et le deuxième cherche à et accepte de subir seulement
ce que lui veut subir, c’est lui le centre de la relation (pour ne
pas dire le meneur).
Alors
Messieurs (Mesdames et Mesdemoiselles), avant de vous dire
soumis.es., ouvrez un dictionnaire et réfléchissez bien au sens de
ce mot. Car si tout ce que vous recherchez c’est surtout la
satisfaction de vos envies, de vos fantasmes, si tout ce que vous
donnez c’est votre corps et pas un peu de votre âme, alors vous
êtes un BOTTOM (ce qui est tout aussi respectable comme choix) et,
dans ce cas, cessez de vous dire soumis.
Et
pour vous Dominant·e·s qui débutez : comment reconnaître un
bottom d’un soumis ? Quelques indices peuvent vous y aider…
le bottom vous dira dès le début du contact « comme
j’aimerais subir votre fouet », « j’aimerais être
votre soumis », « j’ai envie de subir… », « je
voudrais que vous me fassiez… », etc. et même si certains
ajoutent « pour vous… », le début de la phrase suffit
à vous dire qu’il n’y a là aucune notion de don mais qu’ils
veulent « recevoir ». Le soumis, lui, vous mettra au
centre de la relation et même de ses envies « j’ai envie de
m’offrir à vous », « je veux me dévouer à vous, à
votre plaisir », « faites de moi ce que bon vous semble »
et la plus belle « En quoi puis-je vous servir ? »
(Tiens tiens, celle-là je l’attends toujours), aucune liste de
pratiques demandées et surtout si dans votre profil vous avez mis
certains critères, le soumis lui aura respecté ces critères et
n’essayera pas de vous faire infléchir sur vos souhaits. Mais,
attention, ce n’est pas parce que l’autre s’offre à vos
envies, que cela vous dispense, vous, Dom, de respecter les limites
de la personne qui fait ce don ni ne vous interdit de jouer sur la
gamme de ses préférences afin de l’amener à plus de soumission,
à plus d’abandon.
Lady Agnès