ou Quand Madame "découvre"
Ce
texte sera un peu long, mais impossible de le couper en plusieurs
morceaux, il y perdrait tout son sens.
à tous les soumis qui se cachent.
Hier,
un des soumis avec qui j'échange régulièrement par mails
depuis quelques semaines, m'a raconté que sa compagne est tombée
sur un carton dans lequel il cachait un Plug et
un bâillon-boule.
Pour
reprendre ses propres mots, cela a provoqué "la troisième guerre
mondiale" , il a eu droit à tout "entre perversion et homosexualité", "elle [l']a pris pour un dingue".
J'ai
eu de la peine pour lui.
Je
ne me permettrais pas de juger cette femme.
D'ailleurs,
comment aurais-je, moi-même, réagi si j'avais fait une telle
découverte lorsque je vivais en couple?...
Bon,
oui, me prendre comme référence n'est peut-être pas la
meilleure des idées, car me connaissant, cela m'aurait incitée
à ouvrir une discussion avec mon conjoint... Mais comme je le
dis, je ne suis pas une référence, en matière de
sexualité j'ai toujours eu l'esprit très ouvert, curieux
et explorateur....
Chacun,
chacune, fait avec son éducation et avec son vécu.
Ah!
maudite éducation et maudite bienséance qui font que les cheveux
des parents se dressent sur la tète lorsqu'ils surprennent
leur bambin en train de jouer avec sa "zigounette" ou
à jouer à "touche pipi" avec la petite voisine ...
Le
petit garçon ne doit pas jouer avec son "petit tuyau", mais
en même temps , on offre (et, tant qu'à faire,
aussi à la petite voisine) des sucettes... Non mais
franchement, vous voyez la logique, vous? Attention
parents, la sucette ( et je vous dis pas le bâton de sucre d'orge) s'est phallique!... On apprend à sucer dès
notre plus jeune âge et en plus on adore ça (même les petits
garçons!)... Shocking! Interdisons tout de suite la vente de
sucettes! (prévoir aussi l'interdiction de la tétine...)
Bon,
bien entendu j’exagère... quoique....
Je
dis juste que dès notre plus jeune âge, la découverte de notre
corps et de notre sensualité est un besoin vital, inscrit en
nous. Saviez-vous que même un bébé dans son
berceau se touche? C'est N A T U R E L !
Et
bien "non", "pas le droit", "pas touche"
, "c'est pas bien", "il ne faut pas faire ça"! Voilà ce que l'éducation nous inculque.
Je
me souviens encore de cette fois, je devais avoir 6-7 ans, où j'ai
surpris ma grand-mère passant, nue, de la salle de bain à sa
chambre. Je vous dis pas la tête qu'elle a faite, elle était
catastrophée. J'ai alors eu le sentiment d'avoir commis
quelque chose de grave.
Mais
en fait, si on y réfléchit, où était mon crime? Me
souviendrai-je encore de cette scène si elle n'avait pas
eu cette réaction et si elle s'’était comportée comme
si cela était naturel? Personnellement, je ne le pense pas.
Donc,
depuis quelques siècles et sous l'influence des religions monothéistes, notre éducation tend à faire de
nous des êtres plus ou moins coincés avec notre corps,
notre sensualité et par conséquent notre sexualité.
Et
que, à moins d'avoir rencontré des personnes qui ont su nous
apprendre à apprivoiser et accepter notre sensualité ou à
moins d'avoir une nature "supra-sensuelle" (pour faire
référence à ce cher Leopold von Sacher-Masoch), tout est fait pour
limiter notre approche de la sexualité.
Sur
ce point donc, l’éducation ferme des portes,
mais également sur un autre: être un garçon!
Qu'est
ce qu'être un garçon (et plus tard un homme)?
Un
garçon c'est fort. Un garçon ça ne pleure pas. Un garçon, c'est
pas une fille (limite sous-entendu que c'est mieux qu'une fille).
Impensable donc
d'imaginer un homme, à genoux devant une femme à lui lécher les
pieds et /ou à la vénérer.
Impensable
de supposer qu'il puisse avoir envie d’être la chose
d'une femme.
Ne parlons même pas d'une envie quelconque de ressembler à une femme en portant des sous-vêtements en dentelle et autres tenues féminines.
Un
homme c'est viril, pas une "tapette".
Impensable
que son anus puisse être source de plaisir. S'il
prend du plaisir par là c'est forcement un "pédé".
Foutaises!
Et
quelque chose me dit que, sur ce point, ce sont souvent les hommes qui sont le plus
réac' , trop apeurés d’être pris pour ce qu'ils
ne sont pas. Mais messieurs, je me permets de vous rappeler que
l'anus, que ce soit chez l'homme comme chez la femme, est exactement
le même sur le plan anatomique et que si
vous présupposez du plaisir d'une femme (ou pas, pour certaines) à être possédée
par cette porte, pourquoi n'en serait-il pas de même pour
vous?! Et qu'il n'est nul besoin d'être homosexuel pour
que cet organe vous fasse prendre votre pied! Si si je vous jure,
essayez de le chatouiller du bout des doigts quand vous êtes sous
la douche et vous verrez que je ne vous mens pas...
Cependant, je n'accuse pas que l'éducation, mais aussi les femmes de
véhiculer ces archétypes sur l'image de l'homme. Bien que prétendument libérées, beaucoup cherchent encore auprès de leur conjoint leur beau prince
charmant fort et courageux. Non mais franchement Mesdames, vous croyez vraiment que Madame cro-magnon, quand son homme était à
la chasse, n’était pas fichu de prendre une laisse- zut, je voulais dire "une LANCE" (lapsus de Dominatrice)- pour défendre la grotte contre l'attaque d'un tigre à
dents de sabre? Vous voulez assumer cette part de force que la nature
vous à donner, vous la revendiquez même! Alors pourquoi ne
permettez-vous pas à vos hommes d'assumer leur part de sensualité, leur sensibilité, et j'ose le dire, leur fragilité?
Ah! si, je vois! il peut être sensuel quand il s'agit de
vous câliner; sensible, quand il s'agit de vous comprendre;
mais pour lui et envers lui, ça, c'est pas normal... Non mais
vraiment, vous trouvez ça logique?...
L'autre
point qui peut faire péter un câble à un conjoint qui
découvre les penchants BDSM de celui qui partage ces nuits,
c'est cette histoire de douleur qui y est toujours associée.
Alors tout
d'abord, précisons une chose, toutes les pratiques BDSM n'impliquent
pas forcement la douleur.
Ensuite
quand il y a douleur, elle est CONSENTIE et c'est là toute la
différence!
Prenons
un exemple que chacun peut comprendre, en comparant un viol et un
acte sexuel consensuel. Biologiquement, il s'agit dans les deux cas,
de la pénétration par un sexe masculin du sexe féminin
donc exactement du même acte physique. Mais là où est toute la différence, c'est que l'un est forcé et l'autre consenti.
Et
bien avec la douleur c'est pareil: un soumis ne tolérera pas d'être
tabassé par un loubard dans la rue, mais adorera recevoir des
claques par sa Maîtresse. L'un est contraint, l'autre est
consenti.
Alors
vous pourrez aussi me dire, prendre du plaisir dans la
douleur c'est bizarre. En fait pas tant que cela, du moins sur le
plan biologique. En effet, la douleur entraîne toujours
dans le corps la sécrétion d'une hormone,
l'endorphine. Cette hormone, dans ce cas précis, a pour but de
rendre supportable la douleur et apporte détente et bien être en
compensation. Et bien cette hormone, c'est aussi celle que notre
cerveau secrète quand nous faisons du sport, quand
nous rions et plus généralement aussi quand nous
prenons du plaisir à une activité physique intense... Oui, oui, cette hormone
c'est exactement celle qui fait que nous nous sentons si bien, si détendus, quand
nous prenons notre pied!
Donc,
finalement, plus si bizarre que ça de prendre du plaisir à être
cravaché, surtout quand c'est par une femme sublime. Car bien
sur dans le BDSM, tout est aussi question d'érotisation (ce qui
n’induit pas forcément sexe, mais il s’agit là d’un autre sujet). L'érotisation c'est quoi? Et bien encore un exemple qui vous parlera Mesdames, imaginez que vous vous êtes fait une belle entorse de la cheville et que vous ayez des séances de kiné à faire. Maintenant imaginez que le kiné est un vieux machin tout dégoûtant. Pas glamour n'est ce pas? Maintenant imaginez que le kiné est l'homme de vos fantasmes... vous le voyez là? bien.. alors maintenant à votre avis, avec lequel vos séances de kiné seront le plus supportables? Avec le vieux dégoûtant ou sous les mains de l’Apollon de vos rêves? Voilà, vous savez maintenant ce que l'on appelle érotisation...
J’en
reviens finalement à "mon" soumis d’hier.
Comme
je l’ai dit au début,oui, vraiment j’ai eu de la peine pour lui; comme j'en ai pour tous ceux qui se cachent de leur conjointe.
Car, voyez-vous, ce qui fait que je respecte les soumis (bien plus au fond
que de prétendus mâles) c’est une chose très simple : ils
s’assument. Dans un monde, une société, où il est tant attendu
d’eux, ils osent reconnaître cette part en eux, cette part si
intime. Et pour cela, je les respecte
et leur tire mon chapeau.
Alors Mesdames, si un jour vous découvrez que votre mari est un soumis,
soyez ouvertes et à l’écoute. Je ne vous demande pas d’aimer ce
que vous entendez ni même de foncer vous acheter une cravache (sauf si
cela correspond à votre fantasme inavoué jusque-là) mais d’être
au moins tolérantes. Et puis, même si vous n’adhérez pas à toutes
les pratiques du BDSM, je vous garantis qu’il y a quelques
avantages à avoir un mari soumis qui a le droit de le vivre: plus de chaussettes qui
traînent par-terre, le dentifrice toujours bien rebouché, un massage
quand vous en avez envie, etc...
Et en plus, une étude récente à démontrer que les adeptes du BDSM étaient moins névrosés et mieux dans leur peau que les autres... le miracle de réaliser ses fantasmes...
En
écrivant ce texte, je me suis interrogée: si une femme
déclenche au foyer une troisième guerre mondiale, quand elle
découvre que son mari est un soumis, comment réagit un homme à qui
sa femme avouerait un désir de soumission? Question purement
rhétorique, vous l’aviez compris, car pour l’homme je suppose
que, lui, il se croirait arrivé au paradis.