<- Partie 1
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Le thé fut donc servi tant bien que mal, soumis essayant de noter dans un coin de sa petite tête de soumise les défauts qu’il devait corriger, ainsi que les détails du cérémonial, comment fonctionnait le clip, l’importance que donnait Lady à sa collection de théières. Des détails apparemment mais dont l’importance dans l'organisation de la vie de servitude de soumis étaient importants. Ne pas paniquer se disait soumis, tu te souviendras bien de tout cela, mais il voyait aussi l’œil de Lady qui le jaugeait. Depuis le début soumis avait peu osé regarder Lady dans les yeux, à quoi était-ce dû ? Une timidité maladive ? Une forme de résistance inconsciente devant l’évidence de ce qui se produisait ?
Il y a dans le
mécanisme de soumission un développement à la fois paisible et
tempétueux. Quand on est un soumis cela provoque des remous, on sent
une grande profondeur dans laquelle on s’enfonce, qui vous appelle,
et dont on peut se passer. C’est inéluctable, toute résistance
est vaine, le besoin de répondre à l’appel est le plus fort. Et
la satisfaction que l’on ressent à laisser enfin sa nature prendre
le dessus est ineffable. Plénitude serait le mot pour décrire le
mieux cette sensation.
Ce n’est pas un jeu,
ça surpasse ce que l'on croit être du plaisir qui se révèle bien
vite égoïste et inutile à une réelle satisfaction de l’être
que l’on est. Lady buvait son thé. L’ordre des événements que
soumis aurait voulu rendre chronologique devient ainsi flou. Fut-ce
le moment des règles imposées à soumis qu’il entendit avec grand
bonheur, que soumis dût à moitié paniqué réciter pour que Lady
soit bien sûre que soumis écoutait et comprenait. De simples
règles, comme des marches de plus vers sa place. Et soumis se sentit
bien.
Il y eut un moment
« prosternation » : tête contre le sol, cul relevé.
Magique, oui rester ainsi, immobile, à l’écoute, débarrassé du
cortège de conneries que l’on est censé inculquer à un mâle.
Non ma place de soumis est bien là. Comme ça, buvant les ordres,
désireux de servir, prête à tout pour satisfaire Lady. Les
limites ? Pas d’autres que les siennes. Un soumis ne peut
avoir de limites qui vaillent. La seule prison d’un soumis c’est
son éducation et les manques de celle-ci. Il faut tout reprendre à
zéro. D’abord tu es une femelle ma vieille, imparfaite, qui ne
sait même pas comment utiliser correctement le vinaigre de vin
blanc, les cristaux de soude, le bicarbonate pour nettoyer. Alors
soudain tu as envie de ça, prendre une serpillière, nettoyer,
balayer, d’être la fée du logis rêvée, tout en ayant bien sûr
le cul à l’air si jamais on a envie de te baiser comme la chienne
que tu es. Mais ce n’est pas toi qui décides, toi tu n’es rien
que l’objet.
Il se passe tout ça
dans une tête vide, tu sens juste la lourdeur de cette queue qui n’a
aucune utilité. C’est là qu’Elle a parlé de la ceinture de
chasteté ? Et cette queue tellement conne qui a la prétention
d’entrer en érection au moment où on veut lui apprendre à
vivre ? Qui coule comme un robinet mal fermé parce qu’elle
doit être contrainte ? Combien de temps en cage de chasteté
dit Lady. La période la plus longue. 3 mois mécanique, et tu sens
cette queue à nouveau dans ce tube d’acier que tu aimais tant.
Mais tu peux te toucher le bout de l’oiseau. Oui Lady, un peu comme
un clitoris, en moins bien, mais ce qui compte c’est que Vous
déteniez la clé, que Vous ayez la virilité que j’étais – moi
soumis – supposée avoir, alors qu’il n’en est rien, que je
suis une femelle, et que je mouille d’en être une.
La tempête,
apparemment c’est calme – même le chat qui passe nonchalamment,
en notant qu’il ne faut pas prendre garde au chat seule Lady
compte. Calme apparent, mais là juste sous la peau, sous le crâne,
le ravage, ça explose, pétille, ça déglingue, je n’ai aucun
doute sur ce que je suis, je veux juste que l’on m’aide à
l’être, que l’on me permette de l’être, de naître en tant
que moi-même en me débarrassant de ces oripeaux. C’est là que je
ne suis pas libre quand je fais semblant dans ce monde prison d’être
autre chose que ce que j’ai dû brimer au fond de moi.
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