Pour A.
et pour toutes celles qui s'interrogent ou sont juste curieuses
Je
dois avouer que, depuis, j’ai un peu le sentiment de me trouver face
à “une colle”. Comment savoir si on est Dominatrice ? Pas si simple de répondre à cela.
Si
je regarde ma propre expérience, je ne peux nier que ce sont les
hommes (des soumis bien-entendu) qui ont su déceler cela chez moi bien avant que j'en prenne conscience .
Évidement,
je ne m’étais jamais sentie une petite chose fragile entre les
mains des hommes. J’étais de celles qui aiment mener la danse dans
l’intimité, préférant chevaucher que de me faire attraper à
quatre pattes ou qui préfèrent se servir plutôt d’attendre
patiemment que le mâle daigne leur donner du plaisir. J’étais
aussi de celles qui considèrent qu’un homme n’est jamais aussi
vulnérable que lorsque nous tenons son sexe entre nos lèvres :
refusant catégoriquement une main sur ma tête dans ces moments, je
me délectais de ce pouvoir de décider de lui donner ou non du
plaisir. Et j’adorais rendre fou de désir un homme, par mes
tenues, mes attitudes et mes caresses, jouant avec lui et son désir
comme un chaton (tantôt pattes de velours tantôt griffes acérées).
Mais
comme beaucoup de femmes, il y avait le poids de la société et de
l’éducation, le poids de cette image de ce que “doit” être
une femme.
J’avais
déjà du mal avec cela mais, tant bien que mal, j’essayais au
quotidien d’estomper mon caractère autoritaire (certains m’ont
dite “castratrice”), de ne pas froisser leur virilité avec mon
assurance que l’on jugeait “masculine” etc.
Mais
j’avais beau essayer, je n’y arrivais pas. Non seulement, je n’y
parvenais pas mais, en plus, je me lamentais de ne pas être une de
ces petites poupées de porcelaine qui font chavirer les hommes, de
ne pas avoir un caractère plus docile qui aurait, je le pensais
alors, rendue ma vie amoureuse plus simple. Tout, à l’heure
actuelle, nous montre que si les femmes peuvent être fortes, ce qui
séduit un homme s’est en fait leur part de fragilité.
J’ai
grandi avec les téléfilms “Angélique, Marquise des Anges”. Ah,
Angélique qui se débat bec et ongles pour retrouver son grand amour
Geoffrey de Peyrac. L’exemple de la femme volontaire et pourtant.
Oui, pourtant. Car si on y regarde de plus prêt, même si elle est
capable de retourner une baffe à un roi ou un sultan qui veut la
mettre dans son lit, elle est tout de même toujours amoureuse d’un
homme charismatique… qui veut la protéger. Elle s’allonge,
lascive, attendant que l’homme vienne la recouvrir de sa force. Il
n’y a bien que le petit poète qui, lui, y a laissé quelques
plumes…
Tout
cela pour dire que mon image de la femme s’est forgée d’une
manière particulière : certes j’avais le droit d’être
forte, mais je devais laisser l’homme croire qu’il l’était
plus que moi.
À
ce jeu-là, je n’ai reçu des hommes que ce qu’ils voulaient bien
donner, que ce qu’ils croyaient être ce dont j’avais besoin…
mais, au fond, ce n’était jamais vraiment ce que moi je voulais.
Pendant, un temps, je parvenais à donner le change (y compris
vis-à-vis de moi-même) mais invariablement, je finissais par me
sentir insatisfaite et soit par aller voir ailleurs si
l’herbe était plus verte soit par devenir une véritable mégère.
Alors
bien sur, il y avait des parenthèses où j’y trouvais mon compte :
les débuts des relations. Ces premières semaines où l’homme est
aux petits soins pour nous, où on ne peut même plus monter sur un
marche-pieds pour attraper un saladier dans le placard, où il
accourt pour vous éviter une chute “fatale”. Ces moments où il
se souvient parfaitement de votre thé préféré et où il a plaisir
à vous faire couler un bain quand vous rentrez du travail. Et quand
il vous fait l’amour, il prend tout son temps, vous câline et
proclame haut et fort que votre plaisir est plus important que le sien.
Ces moments où il vous dit à chaque fois qu’il vous voit qu’il
vous aime et que vous êtes la plus belle. Je suis certaine que vous
voyez toutes de quoi je parle.
Mais
la plupart du temps, ces moments ne sont qu’éphémères. Dès que
la relation s’installe alors là vous ne reconnaissez plus ce
tendre chevalier servant qui vous avait tant séduite. Il oublie
d’aller chercher le pain ; vous laisse grimper dans un arbre
pour l’élaguer toute seule (bon, là OK, je parle de ma dernière
vie de couple) ; vous demande, avachi dans le canapé, si vous
avez besoin d’aide sur un ton qui vous fait clairement comprendre
que cela l’arrangerait vraiment que vous ne lui demandiez pas de se
lever et de quitter sa série préférée ou sa console et fait la
gueule dès que vous lui dites “oui, tu peux m’aider” etc. (à
vous d’ajouter vos propres exemples, je suis certaine que vous en
avez toutes). Quant au sexe, n’en parlons même pas, il ne vous
voit plus comme une amante et d’ailleurs s’est à peine s’il se
rend compte que vous avez acheté une nouvelle robe.
Il
y a des femmes à qui tout ceci convient très bien et il y a même
des femmes qui s’épanouissent ainsi. Je ne me permettrais pas de les
juger.
Mais
il y a d’autres femmes que, comme moi, tout ceci rend folle.
Des
femmes qui veulent être traitées avec tous les égards que ce
soient 2 jours après la rencontre comme après 2 ans.
Est-ce
que ce degré d’exigences fait de ces femmes forcement des
dominatrices ? Non sûrement pas.
Je
dirais plutôt que c’est l’accumulation de tout un tas d’indices
qui permet à une femme de savoir si elle est ou non Dominatrice.
J’ai
trouvé par hasard, il y a peu, un texte écrit par une dominatrice.
Si je l’avais lu il y a quelques années je peux vous garantir que
je me serais intéressée à la Domination bien plus tôt :
"Avez-vous un côté dominant ?Êtes-vous excitée lorsque vous portez quelque chose pour la première fois, et que vous le regardez, vous regarder ? Vous souvenez-vous, combien c’était excitant lorsqu’il était complètement excité par vous ? Ou comment vous vous sentez lorsque vous avez eu d’excellentes relations, et que vous faites quelque chose qui le rend totalement dingue ? Et comment vous vous sentez, lorsque vous savez qu’il est sur le point d’avoir un orgasme, et que vous savez que vous pouvez le contrôler, si vous le désirez. Même en continuant de lechevaucher. Ne vous sentez-vous pas bien ?Plus abstrait, n’a-t-il jamais fait quelque chose pour vous, dont vous saviez qu’il ne voulait pas le faire, mais qu’il fit néanmoins ? Qu’avez-vous ressenti ?Repensez à vos premiers émois, au lycée ou au collège. Votre premier vrai amour. N’avez vous jamais expérimenté un amour fou avec un garçon silencieux ? Vous rappelez-vous que l’on vous ait appelé, qu’il ait pleuré, en jurant son amour, et qu’il ne voulait pas vous perdre ? Cela vous fit-il pleurer aussi ?Vous souvenez vous la première fois qu’un garçon vous montra de telles émotions, que vous l’avez senti, vulnérable, et effrayé, mais il le fit, parce qu’il ne voulait pas vous perdre ou vous conquérir ? Excitant de penser que des hommes puissent se comporter ainsi. Excitant, parce que nous aimons être aimées, et appréciées, et cela montre que tout ce comportement masculin de merde peut être abattu, parce qu’il prend soin de vous, et que vous prenez soin de lui, profondément.Voici des exemples de domination, et de dévotion, qui ne sont ni préparés, ni dictés. Ces choses nous font sentir bien, nous les femmes, émotionnellement, et sensuellement. Elles ne sont pas étranges, et ne demandent pas de jouets.Les émotions que nous ressentons dans ces situations sont très puissantes. Pas des émotions quotidiennes. Ces expériences ne vous ont-elles pas apportés de la « hauteur » ? Lorsque vous portiez cette tenue sexy, ne pensiez-vous pas conquérir le monde ? Lorsque cet homme pleurapour vous, cela n’était-il pas romantique, et plus intense qu’un bouquet de 100 roses ?"
Voilà
ce que moi j’aurai répondu. Oui, j’ai toujours adoré le rendre
fou de désir . Oui, j’aime être celle qui décide de son
plaisir. Oui, j’ai déjà utilisé mon plus grand sourire pour
l’amener à faire quelque chose dont il n’avait pas envie et oui,
cela m’a fait me sentir incroyablement satisfaite. Oui, je me suis
sentie incroyablement femme quand, alors que j’étais jeune
lycéenne, cet homme de 10 ans mon aîné était prêt à tout
accepter dans l’espoir de “sortir” avec moi, qu’il m’a fait
une cours effrénée et s’est littéralement mis à genou devant
moi pour un simple baiser (que je lui ai toujours refusé). Et je
précise que je lui avais toujours dit que je ne sortirai jamais avec
lui (je me souviens lui avoir dit qu’il “faudrait qu’il tombe
des grenouilles avant que cela n’arrive”), il savait donc à quoi s'en tenir.
Donc
comme vous le voyez, nul besoin d’avoir des fantasmes de cravache
et de cuir (maintenant si vous avez ces fantasmes, vous avez déjà
la réponse à votre question) pour avoir une âme de Dominatrice.
Après
c’est à vous, et à vous seule, de savoir comment vous souhaitez
exercer votre pouvoir.
Alors
explorez, faites vos expériences, goûtez un petit peu à tout ce
qui s’offre à vous et, après, choisissez ce qui vous convient.
Sachez-le, il y a autant de type de Domination qu’il y a de
Dominant. Et on peut tout à fait dominer sans cravache.
Sachez
aussi, que même si vous pensez que votre petit ami, amant ou
compagnon n’est pas un soumis, si vous apprenez à jouer de vos
armes de femme, que si vous développez votre confiance en vous, cela
aura sans aucun doute un impact sur votre relation et de fortes
chances de la voir s’améliorer encore, aussi bien au quotidien que
dans l’intimité.
Pour
aller plus loin, je vais mettre dans la documentation destinée aux
futures Dominatrices un texte qui peut aussi bien servir à celles
qui veulent juste effleurer le sujet (vous y retrouverez l’extrait
que j’ai cité). Je vous conseille aussi le livre “Osez, dresser
votre mari” (ne vous arrêtez pas au titre) qui peut également
vous donner des pistes, à adapter selon vos envies bien sur.
Lady Agnès
Bonjour Lady Agnès
RépondreSupprimerMerveilleux texte, où la Femme reste Femme et l'homme confronté à son amour de la Femme. On y retrouve les valeurs de respect, de l'amour, que l'on peut céder juste pour un regard ou un sourire, des émotions, jusque dans les larmes de bonheur parfois mélangées dans la douleur d'avoir pu s'abandonner, d'avoir su aller plus loin. Toutes les Femmes devraient avoir cette liberté, car lorsque vous sortez des carcans imposés par la "société" l'homme est grandi, même à vos pieds et juste pour vous...
Karl
merci pour ce beau commentaire
SupprimerJe me reconnais bien dans ce que tu décris... Oui oui nous sommes sur la même longueur d'onde toutes les deux, ça se confirme. Je vais mettre un lien sur ma page pour venir lire ton blog ;)
RépondreSupprimerBaisers sucrés
Lilly BloodFire
Merci ma Belle.... ;-)
SupprimerBonsoir Lady Agnès,
RépondreSupprimertrès beau texte en effet comme cela a déjà été écrit, touchant également...
Oser être soi-même finalement, contre les clichés, les postures plus ou moins "imposées", les idées reçues...rechercher les nuances (50 ou plus!) entre le rose et le bleu, bref s'assumer et le vivre pleinement! Je le souhaite à toute Dominatrice bien sûr, comme aux soumis également.
je Vous présente mes hommages,
soume