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Avertissement

2 septembre 2023

Une Porsche avec un moteur de... 2 CV

 

Imaginez que vous achetiez une voiture sur un site par correspondance (je sais personne ne fait ça, mais imaginez).

Vous voici sur le site de Porsche , les voitures sont belles, rutilantes et vous craquez, vous commandez une voiture.
Vous voici livré.
Vous ouvrez le capot et là, vous découvrez un moteur de... 2 CV.

Voilà ce que j’ai ressenti lorsque j’ai ouvert le livre que j’ai commandé récemment.

Sur un groupe de discussion, j’avais entendu parlé de ce livre par une personne débutante qui voulait notre avis, savoir si il s’agit d’un livre intéressant lorsque l’on est débutant dans le BDSM.


Tout d’abord, petit tour sur les réseaux sociaux pour en connaître d’avantage sur l’auteur et prise de renseignements auprès de quelques personnes.

Là, je découvre un Dom avec un marketing bien «léché» (logique pour une personne qui se déclare publicitaire et spécialiste marketing 2.0 sur link..) : photos pro noir et blanc, costard à la Christian Grey et pose entouré de femmes en lingerie, le tout dans un cadre «haut standing». Il est présent sur tous les réseaux à la mode (sur lesquels, il affiche un nombre d’abonnés astronomique en comparaison avec celui des BDSMeurs français les plus connus et reconnus - faut il encore rappeler que des boites spécialisées vous font grimper le nombre de followers moyennant finance) mais absent du réseau social BDSM de référence Fetlife, se dit conférencier BDSM en partageant sa propre expérience avec sa soumise mais était, il y a encore 5 ans, inconnu dans la communauté BDSM (dont il semble tenter à présent de se rapprocher après avoir lancé des soirées «haut de gamme» qui n’auraient pas rencontré grand succès). Et puis un site internet sur lequel il vend ses livres (publiés à compte d’auteur, dédicacés et... parfumés 😂) et des accessoires.


Mais je me dis «voyons le contenu, peut être que derrière ce marketing, il y a du fond» alors je commande le livre destiné aux débutants (sur un site marchand, parce que la version parfumée à 5€ de plus, non merci)

Donc, je reçois le livre.
Là, je découvre une taille de police de caractères de livre pour enfant niveau CP (2 fois la taille standard utilisée pour un livre de poche), sur 62 pages, 22 lignes (3-4 phrases) par page, forcément je me dis «10€ pour ça... 🤔».


Et puis je lis le livre en… 1/2 heure… Bon, au moins, pas de quoi être fatigué…

Venons en maintenant au contenu.

Après lecture, je dirai que ce livre est une approche extrêmement succincte de ce qu’est le BDSM et une relation Ds. Pas d’énormités, pas d’erreurs, toutes les grandes lignes y sont, mais tout est traité en surface.

Les point positifs de ce livre :

- présentation du BDSM ;

- incitation à partager ses envies et fantasmes dans le couple (même hors BDSM), prône la communication entre les partenaires ;

- parle du consentement, du safeword (et geste de sécurité) , de l’aftercare et de l’importance de ces points ;

- précise que le BDSM peut ne pas être sexualisé.


Maintenant, les choses qui m’ont faite tiquer :

  1. sur le plan BDSM

- il parle bien de la check-list, par contre il semble utiliser une check-list quelque peu dépassée (limitée à «j’aime», «je n’aime pas», «pourquoi pas»). Il en existe d’autres offrant plus d’éléments de réponses. Comment une personne totalement novice pourrait-elle remplir sa liste si elle n’a pas expérimentée telle ou telle pratique ?

- on voit apparaître l’acronyme CNC à la 14e page ! Et en plus, il réduit le CNC à «un viol théâtralisé».

Alors d’une part le CNC ne se réduit pas à ce qu’il en dit mais, en plus, parler de CNC dans un ouvrage à destination de novices est, selon moi, dangereux car la porte ouverte à des erreurs voir des abus pour des personnes qui débutent et qui n’ont donc pas encore un minimum d’expérience dans les relations BDSM ;

- s’il parle bien de sécurité, ce n’est que de manière parcimonieuse et diluée (bien qu’ensuite à nouveau rassemblée dans un chapitre dédié) et, en plus, avec quelques aberrations (sauf pour le safeword bien abordé)

  • désinfection des accessoires;

  • avertissement pour le shibari (risque de compression des nerfs) mais conseille juste «une initiation auprès d’une personne qualifiée» avant de se lancer avec des cordes (initiation au Shibari, voilà qui me paraît bien léger avant de le pratiquer);

  • donne quelques conseils pour les jeux de cire, mais ne mentionne nulle part quelles cires utiliser ou ne pas utiliser;

  • avertissement de «ne pas pratiquer en ayant pris des substances ou de l’alcool qui pourraient alerter le comportement et facultés à réagir en cas de problème» mais... vous verrez plus loin pourquoi je mets ce «mais»;

  • pour le breathplay : "Si vous pratiquez les jeux de respiration retenez votre souffle en même temps que celle de la personne soumise et n'hésitez pas à compter mentalement pendant les phase d'asphyxie pour conserver toujours une prise réelle avec la scène qui se déroule."
    En voila une bonne idée en tant que Dom de risquer de mettre son propre cerveau en hypoxie et de risquer un malaise en pleine séance de breathplay ou juste une altération de ses facultés (perte de vigilance, de concentration sur la personne soumise, allongement du temps de réaction en cas de problème) !

3 pages de sécurité contre 5 pages pour parler des colliers.


  1. Sur le plan «humain»

- l’auteur s’adresse au lecteur en le tutoyant :

  • perso je n’ai pas élevé les cochons avec lui donc le vouvoiement reste de mise;

  • Ici, on sent clairement que le tutoiement a pour objectif de le placer lui dans la stature de «supérieur» qui inonde de son savoir les pauvres ignorants/ inférieurs que sont ses lecteurs.

- mention spéciale pour son avertissement de «ne pas pratiquer en ayant pris des substances ou de l’alcool qui pourraient alerter le comportement et facultés à réagir en cas de problème» mais qui au regard de sa vente de poppers sur son site internet (pour les deux partenaires), sonne comme un «faites ce que je dis, pas ce que je fais» ;

- il propose sur son site une check-list gratuite : pour l’obtenir, il faut s’inscrire «nom - prénom - mail» et faire un paiement de 0€. Vous allez me demander où est le problème ? Le problème est simple, c’est que même pour un document «gratuit» vous vous retrouvez à communiquer des informations personnelles (que bien sur il collecte donc on retrouve l’adage «quand c’est gratuit, c’est vous le produit» sauf que là se sont vos données) alors qu’il lui serait très facile de le mettre en version téléchargeable.


Mais ce qui m’a mise mal à l’aise, c’est son insistance à mettre «consenti» à tout bout de champ et le fait qu’il consacre 7 pages du livres (contre 3 pour la sécu) à défendre que le BDSM n’est pas antiféministe ni «pro-patriarcal».

Partant du principe que lorsque l’on expose dès le départ que le BDSM est une activité entre partenaires consentants, je ne comprends pas l’utilité d’en remettre des couches et, si on est au clair avec son rapport Dom/soumise, de justifier sa pratique.
Vous allez dire que je vois le mal partout mais perso plus un homme cis dom parle de féminisme et se défend d’être patriarcal, plus j’ai des voyants rouges qui s’allument.
Comme dit un ami : «Plus on étale sa vertu, plus on a à cacher».
Il suffit de penser au cas de Tariq Ramadan ou de voir ce mec sur Fetlife qui multiplie les commentaires et posts pro-féministes mais dont beaucoup savent qu’il a déjà été accusé de viol.



Je terminerai en ajoutant que si, après au moins 3 ans (délai entre son premier livre -récit de sa relation avec sa soumise- et celui-ci) de pratique du BDSM, il n’est capable de n’apporter que ce genre de conseils à des novices/débutants, cela m’inspire que soit il s’agit d’un escroc soit une personne qui n’a toujours pas les bases pour pratiquer un BDSM sain safe et secure… ou les deux.

En conclusion :

L’auteur est clairement dans une démarche mercantile, le BDSM étant devenu le dernier filon à la mode.

Ce livre pourrait tout à fait être entre les mains d’une personne qui voudrait avoir une première idée de ce qu’est le BDSM, mais surtout rien de plus !

Ainsi, contrairement à ce qui est laissé entendre, ce livre ne suffira jamais à qui que ce soit pour se lancer dans le BDSM… ou juste à «fabriquer» des kékédoms.

En bref, inutile de dépenser de l’argent en achetant ce livre car ce qu’il contient vous le trouverez (en plus sérieux) en faisant quelques recherches sur internet

  • vous y trouverez des sites sérieux qui eux ne se contenteront pas d’aborder le BDSM de façon superficielle mais en profondeur ;

  • si vous voulez savoir ce qu’est une relation Ds, il y a des blogs de témoignages très bien fait qui vous permettront de connaître un vécu véritable ;

  • N’hésitez pas non plus à échanger avec des personnes diverses et variées en réel comme en virtuel, pour vous enrichir de ressentis et expériences diverses.

Et en plus, c’est gratuit.

Et si vous voulez acheter un livre pour découvrir le BDSM alors renseignez-vous auprès de plusieurs pratiquants sérieux qui sauront vous guider et ne vous laissez pas éblouir par une «belle carrosserie» (sur-exposition sur les réseaux et visuels dignes d’une pub).


Mais bon, si ça vous fait mouiller la petite culotte
ou le caleçon d’avoir un livre parfumé du «Christian Grey» français (NB : je ne choisis pas cette référence sans raison vous l’aurez compris après m’avoir lue) rien ne vous en empêche.



NB : j’ai bien aimé ces deux petites «perles» :

«50 nuances de Gray» au lieu de «Grey»

«safemoove» au lieu de «safemove»

Lady Agnès


14 août 2023

Dominer n’est pas un jeu


 

AVANT-PROPOS

J’ai bien conscience que dans une société où la recherche du plaisir immédiat et où l’absence d’implication émotionnelle et relationnelle sont de plus en plus courantes (de mise?) ainsi que la notion de responsabilité de plus en plus en voie de disparition, écrire un article dont le titre affirme que le BDSM n’est pas un jeu n’est pas ce qui va inciter la plupart des personnes à le lire, pire même certains tourneront les talons en maugréant : «elle se prend trop au sérieux»

Mais bon, tant pis, je me lance tout de même.



Jeu
(n,m) (définition Le Robert)
1 – Activité physique ou mentale dont le but essentiel est le plaisir qu’elle procure.

2 – Chose qui ne tire pas à conséquence, ou qui n’offre pas grande difficulté.




INTRODUCTION

Je lis très souvent des personnes dire «tout ceci n’est qu’un jeu» et entrer dans la peau du Dom ou du soumis comme un gameur active son avatar pour une partie d’un jeu de rôles en ligne…

Et j’observe que cette vision purement ludique d’aborder le BDSM induit la plupart du temps une totale déresponsabilisation, d’un côté du manche comme de l’autre :

«ce n’est pas vraiment moi» alors puisque ce n’est pas vraiment «moi» cela n’a pas de réelle importance et cela ne peut pas avoir de réelles conséquences.

«ah bon, il y a des choses à savoir avant de faire de l’impact ? - mais non tout ceci n’est qu’un jeu»

«Pourquoi prendre des cours réels de shibari ? des tutos en livre ou vidéos ça suffit, tout ceci n’est qu’un jeu»


Moi-même à mes tout débuts, je pensais qu’une séance de domination ce n’était qu’une parenthèse, qu’un moment qui commence à un instant T1 et se termine à un autre instant T2. Que dominer se réduisait à enfiler une tenue sexy, à traiter un soumis en larbin ou en objet, à lui mettre quelques claques sur le cul et que ,hop, une fois la séance terminée la vie reprenait comme si de rien n’était, comme après une partie de tarot ou de scrabble (oui ok, j’ai des références de jeux de vieille, mais j’assume 😁).
Bref, comme beaucoup, je pensais que dominer c’était facile et que cela était sans conséquences.

Quelle ERREUR !

J’ai rapidement compris que dominer n’est pas chose si simple, si légère, que à partir du moment où l’on endosse cette position cela nécessite un véritable investissement en temps, en énergie, en émotions, que cela demande une véritable implication. J’ai compris que, quelle que soit la vision que l’on a du BDSM et quel que soit le cadre relationnel dans lequel on pratique, il y a dans cette position de dominant bien trop de responsabilités pour traiter cela comme un jeu.


DÉVELOPPEMENT

Devenir la personne dominante d’une autre, accepter qu’une personne se soumette à soi, c’est :


  1. tout d’abord et impérativement, avoir une bonne connaissance de soi-même

Pourquoi ai-je envie de dominer ? Quelles sont mes motivations ?

Qu’est-ce que je recherche vraiment dans la domination ?

Quel type de relation BDSM est-ce que je souhaite construire ?

Suis-je suffisamment équilibré(e) pour ne pas utiliser à mauvais escient ce qui me serait offert ?

Suis-je en mesure d’assumer les responsabilités que cela induit ?

Est-ce que je me connais suffisamment pour connaître les limites de ce que je peux vivre et assumer ? Et les limites que je peux ou non franchir ?

Saurai-je ne pas me perdre «en route» ?

Suis-je en mesure de me contrôler moi-même avant de vouloir contrôler une autre personne ?

Suis je au clair avec la notion de consentement ?

Aurai-je assez d’énergie pour contrôler une autre personne ? Mon état psychologique et/ou physique me le permet-il ?

Ai-je la force psychologique pour guider une personne sur son chemin de soumission ?
Pour relation Ds :

Ai-je assez de place dans ma vie pour y accueillir une nouvelle personne ? Y a-t-il assez de place dans ma vie pour ce genre de relation exigeante ? Serai-je capable de m’auto-évaluer en toute objectivité tout au long de la relation afin d’être toujours en accord avec moi-même ? Suis-je capable d’auto-critique ? Suis-je capable de me remettre en question lorsque cela est nécessaire ?

Suis-je capable de reconnaître lorsque je commets une erreur et d’agir en conséquence ?

(J’oublie peut-être d’en indiquer d’autres qui se sont posées ou se poseront à un moment ou un autre).


  1. avoir pris le temps de connaître la personne.

Connaître une personne, vaste sujet.

Dans une société où on pense connaître la personne avec qui on échange sur des réseaux sociaux, on a oublié ce que signifie vraiment connaître l’autre.
Sur ce point, je peux observer que selon les personnes, la connaissance de l’autre est plus ou moins approfondie.

Pour certains, il faudra des semaines, voir des mois, il y a le besoin d’en savoir le plus possible sur l’autre (j’ai l’impression que, du côté soumis, les femmes sont d’ailleurs plus enclines que les hommes à prendre leur temps).
Mais attention, connaître l’autre, pour moi, cela ne se réduit pas à juste connaître son côté BDSM, c’est aussi connaître l’être humain derrière, qui est la personne lorsqu’elle ne tient pas un fouet, lorsqu’elle n’est pas prosternée devant une personne dominante.

Comme je le dis toujours, je ne domine pas un soumis, je domine une personne qui fait le choix de se soumettre à moi ; je ne suis pas une Dominatrice mais une femme dominatrice ; la nuance est de taille !

Cette phase me permet surtout de vérifier si l’être humain «en face» de moi, celui qui «candidate» a des valeurs humaines que je recherche chez une personne et d’observer le comportement, l’attitude dans un rapport d’humain à humain. Est-ce que cette personne est une personne que j’aurais envie d’avoir dans mon entourage même hors d’une relation BDSM ? Si la réponse est non, je passe mon chemin.


J’observe aussi si cette personne a les qualités humaines nécessaires pour faire un soumis comme j’en ai envie et si la personne a déjà le savoir vivre de base (je ne suis pas là pour éduquer l’être humain – ça c’était le job de ses parents – mais pour former le soumis).

C’est aussi une étape qui permet de voir si la personne est capable de s’ouvrir à l’autre, d’avoir une communication honnête, claire et sincère.

Il faut aussi savoir que plus on connaît la personne, plus on sera en mesure de guider le soumis sur une voie en adéquation avec ce qu’il est.


  1. Avoir pris le temps de se laisser connaître de l’autre

À partir du moment où l’on attend de l’autre qu’il s’ouvre à soi, il faut en retour être capable de s’ouvrir aussi, de laisser à cette personne la possibilité de savoir qui vous êtes. Et qui vous êtes ne se réduit pas juste à la personne Dominante, à ce que vous aimez pratiquer, à ce que vous exigez de vos soumis mais là aussi à l’être humain que vous êtes.


  1. Avoir défini s’il s’agit bien d’une personne qui nous convient

Cette étape recoupe deux facettes :

– l’être humain en face est-il compatible avec vous ?

– les envies du soumis sont-elles compatibles avec vos envies de domination ?


  1. Tisser un lien


Dans une société où on parle de «relationner», de «socialiser», je me rends compte que les gens savent de moins en moins créer une véritable relation avec l’autre, que tout n’est que superficiel et que l’autre n’est, trop souvent, qu’un moyen d’obtenir (combler un vide, vivre des pratiques, une auto valorisation, se sentir exister, etc.).


Créer une relation, c’est :

– s’intéresser réellement à l’autre (et pas juste à ce qui nous arrange) ;

– apprendre à connaître cet autre et se laisser connaître de cet autre;

– accepter l’autre pour ce qu’il est et non pour ce que l’on voudrait qu’il soit ou pour ce que l’on veut en obtenir ;

– écouter mais aussi s’ouvrir ;

– respecter l’autre ;

– être digne de confiance ;

– être sincère.

mais c’est aussi:

– consacrer du temps à l’autre, des petites attentions, des petits rituels, de la régularité, de la constance, de la fiabilité et de la réciprocité.


  1. avoir tissé un lien de confiance (mutuel!) et une communication honnête et sincère

Ceci s’est en principe construit dans les phases de découverte mutuelle et de la construction du début de relation. Si ce n’est pas le cas, inutile d’aller plus loin, il ne peut y avoir relation.


  1. accepter que la personne vous remette sa sécurité physique mais aussi psychologique entre les mains

Voilà quelque chose qui n’est pas si simple à accepter mais qui est moins compliqué si on a déjà réussi à répondre à toutes les questions sur soi-même (en 1)


  1. devenir le garant de sa sécurité physique mais aussi psychologique

ceci implique :

  • avoir acquis des compétences dans l’usage des divers accessoires ;

  • avoir une véritable connaissance des risques liés à chaque pratique et accessoire et savoir comment les éviter (ou au pire comment réagir en cas de traumatisme physique ou émotionnel) ;

    Exemples :

    – Une simple claque au visage peut provoquer, si elle est mal faite, un œil au beurre noir mais peut aussi être à l’origine du réveil d’un traumatisme psychologique passé (tout comme un mot «humiliant»);

    – une séance de bondage peut réveiller ou provoquer des angoisses.

  • lors de la pratique, être, à chaque seconde, attentif à tout :

    les réactions (physiques et psychologiques) de la personne, celles de son corps, le comportement des accessoires, à soi-même également (est ce que je ne me laisse pas emportée par l’excitation ? Est-ce que mon shoot d’adrénaline me permet encore de continuer en toute sécurité pour l’autre ou est-ce que mes perceptions commencent à être altérées ? Savoir créer une bulle pour la personne soumise mais en même temps, être capable d’appréhender l’environnement afin de parer à toutes perturbations pouvant en émaner (etc.).

  • maintenir tout au long de la relation une vigilance et une attention envers l’autre mais aussi envers soi-même :

    est-ce que si la personne soumise développe un attachement de plus en plus important à mon égard, je serai en mesure de le gérer ? Est-ce que les sentiments (positifs comme négatifs) que je pourrais développer envers ma personne soumise sont compatibles avec ce qu’elle souhaite vivre et avec ce que moi je veux vivre ? Est-ce que je serai en mesure d’apporter à l’autre ce dont il a besoin pour s’épanouir dans ce type de relation ? Est-ce que je serais capable de faire cesser la relation si elle devient non satisfaisante et/ou non épanouissante pour l’un des deux ?


  1. contribuer à entretenir et faire grandir le lien et la relation (pour relation Ds essentiellement).

Cela peut paraître aller de soi, mais toute relation doit être entretenue et grandir. Aucune relation ne doit jamais être considérée comme acquise, qu’elle soit amicale, amoureuse et /ou BDSM.

Ainsi chacun est acteur de la bonne continuité de la relation : ne pas sombrer dans la routine, ne pas laisser la relation stagner mais contribuer à la faire évoluer incombe aux deux partenaires.


CONCLUSION

Comme vous venez de le lire (et tout ce que j’ai abordé ci-dessus du côté Dominant, se pose également du côté soumis.), une relation BDSM est avant tout une relation humaine à construire et à entretenir, mais elle implique aussi des responsabilités bien au-delà du facteur l’humain.

Alors oui, il y a dans tout cela il y a une recherche de plaisir indéniable mais ne venez pas me dire que le BDSM est une activité «qui ne tire pas à conséquence, ou qui n’offre pas grande difficulté».
–Même une simple séance BDSM ne sera jamais aussi «légère» qu’un plan cul d’un soir (et même là, il y a des responsabilités à assumer, ce qui semble être oublié par beaucoup)–

Non, je n’adhérerai jamais à la vision qui laisse à penser que Dom comme sub ne sont que des avatars le temps d’une séance ni qu’une séance n’est qu’une partie de scrabble sans conséquence.

Car le BDSM c’est avant tout une relation humaine et entrer en relation humaine avec un autre être humain n’est pas un jeu.


Mais si on tient vraiment à occulter tout le facteur humain du BDSM et n’en retenir que les pratiques alors relisez les points n°1, 7 et 8 et alors, à la limite, assimilez-les à un sport (définition Le Robert :Activité physique exercée dans le sens du jeu et de l’effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique et le respect de règles).


Mais attention, comme il y a des personnes qui jouent au foot (entre potes à l’apéro) et d’autres qui pratiquent le foot (sport de compétition), ne confondez pas ceux qui «jouent» à dominer et/ou à se soumettre (sans la moindre implication humaine ni sans profond sentiment de responsabilité) avec ceux qui pratiquent le BDSM.
Car contrairement au foot, les responsabilités et risques liés aux pratiques BDSM ne souffrent selon moi pas d’être traitées comme un jeu sous peine de provoquer des dégâts (psychologiques – même dans un cadre hors implication émotionnelle - et physiques).

Est-ce que cela empêche la notion de plaisir, d’amusement ? Absolument pas, bien au contraire. Car ce n’est qu’une fois l’esprit serein et certain d’avoir envisagé tous les risques et prévus les garde-fous nécessaires à nos pratiques qu’alors peuvent s’exprimer et s’épanouir la confiance, la complicité, la joie, et les rires.


Lady Agnès


« Le seul jeu vraiment ludique est le jeu avec le sérieux: car un jeu qui ne serait que joueur, et d'aucune manière ne taquinerait le sérieux, ce jeu battrait tous les records de l'ennui ; ce jeu serait plus ennuyeux que le sérieux. Supprimez l'un des deux contraires, jeu ou sérieux, et l'aventure cesse d'être aventureuse : si vous supprimez l'élément ludique, l'aventure devient une tragédie, et si vous supprimez le sérieux, l'aventure devient une partie de cartes, un passe-temps dérisoire et une aventure pour faire semblant. »
(Vladimir Jankélévitch - L'aventure, l'ennui, le sérieux (1963)









1 juin 2023

Les novices sur les réseaux sociaux


 AVERTISSEMENT : ceci est un coup de gueule, donc âmes sensibles s’abstenir.



Depuis quelques temps, le modo d’un groupe d’echange FB autours du BDSM me répète que ces groupes d’échange sont d’utilité pour toutes les personnes novices, que les plus expérimentés sont là pour transmettre valeurs et conseils, que les novices peuvent y trouver des réponses à leurs questionnements.
Et je suis tout à fait d’accord avec lui !
cependant ...


Cependant, je vois

  • que très peu de novices posent des questions de fond sur les pratiques ; (et pour moi l’excuse du « on n'ose pas poser de questions » n’est pas valable puisqu’il y a possibilité de faire un post en anonyme, ni l’excuse « je veux pas qu’on se moque de moi » car ce qui est digne de moquerie ce ne sont pas les questions mais bien les affirmations erronées et tout juste dignes de roman à l’eau de rose teintée de gris) ;

  • que à la lecture de certains propos (et du quasi-désert de réponses -aux vues du nombre de novices présents- à un post où je les interroge sur leurs connaissances), peu de novices semble prendre la peine de chercher à s’informer sur nos pratiques et semblent considérer que c’est en pratiquant qu’ils apprendront ce qu’est la sécurité ah non pardon « à se soumettre ou « à dominer » ;

  • que lorsque certains essaient de faire des mises en garde ou des rappels de sécurité, au mieux cela semble ignoré au pire on se fait envoyer chier et entre deux on se voit répondre des « c’est une exploration à deux, je verrai quand je trouverai un/e soumis/e/ ou un/e Dom/me » ;

  • que ce sont toujours les mêmes personnes qui diffusent messages de prévention et image safe de nos pratiques ;

Tout ça pour dire que :


1- chers novices, je ne sais pas ce que vous attendez de ce genre de groupes mais visiblement, pour la plupart, pas de l’information ;

  • Si vous pensez que c’est le jour où vous aurez une personne Dom qui vous fouettera le cul ou vous étranglera (breathplay) que vous apprendrez comment savoir si la personne ne va pas vous blesser, vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’au coude !

  • que le BDSM c’est comme la petite claque sur le cul de Micheline ou Jacky le samedi soir, là aussi vous vous plantez !

  • Si vous pensez que c’est juste aux personnes Dom de connaître comment procéder en toute sécurité, vous vous plantez !

  • que vous saurez faire la différence facilement entre un Dom qui sait ce qu’il fait et un abruti/une conne qui fait n’importe quoi, vous vous plantez !

  • Que faire une fessée ou utiliser un martinet ou tout autre accessoire ne nécessite pas d’une personne Dom mais aussi aux personnes soumises d’en connaître tous les risques(eh oui même pour une fessée il ne faut pas faire n’importe quoi), vous vous plantez !

  • Si vous espérez que les infos vont vous tomber toutes cuites dans le bec, vous vous plantez !

  • Qu’il suffit de lire quelques échanges sur un groupe va vous suffire, vous vous plantez !

  • Que, vous, vous saurez faire instinctivement, que vous ne vivrez jamais d’accident, parce que vous vous estimez sensé, vous vous plantez ! (même des expérimentés peuvent avoir des tuiles alors des novices n’en parlons pas)


2- chers expérimentés silencieux, pourquoi êtes-vous sur un groupe d’échanges BDSM ? Pour partager des événements ? Vos photos ?Votre auto-promotion ? Ok, pourquoi pas.

Mais ma question est la suivante, à quel moment avez-vous cessé de vous sentir concernés par la prévention dans notre communauté ? Depuis quand avez-vous oublié ce qu’est l’échange (vous savez ce truc un peu vieillot – d’avant les réseaux sociaux- qui consiste à communiquer avec d’autres personnes) ?


3- chers contributeurs/rices les plus impliqués et les plus assidus (dont je fais modestement partie), vous n’en avez pas marre de rabâcher toujours les mêmes choses à longueur de temps ici et ailleurs et de constater que c’est comme de pisser dans un violon ? « si on peut en aider un seul c’est déjà ça » mais oui bien sur, et c’est peut être ce qui nous tient encore !
Mais à un moment il faut se rappeler que ces fameux contributeurs/rices ne le font que par bienveillance alors quand on vient leur dire « vous êtes pas gentil », à un moment il faut peut être se souvenir que certaines idioties on les voit et les entend depuis des lustres et que les revoir encore et encore ou se faire envoyer chier quand on veut conseiller eh ben ça saoule alors oui parfois on pète un câble, on s’énerve, on fait de l’ironie, on utilise le sarcasme, on se moque du ridicule. Ben oui désolée, nous sommes des êtres humains !


Alors chers novices (et moins novices) faites simple, dites-nous franchement dès le début que vous n’êtes sur un groupe

  • que pour publier des photos du net, que pour vous exhiber, faire des « publis » pour recevoir des Amen et applaudissements (y compris quand vous dites des inepties),

  • que pour vous palucher devant votre écran entre deux coups avec bobonne ou le Jacky assis avec sa binouze devant la télé,

  • que vous n’en avez rien à foutre des conseils, que, vous, vous savez tout et que vous n’avez rien à apprendre

    et je vous garantis qu’on s’abstiendra volontiers de perdre notre temps à vous expliquer ce qu’est un consentement éclairé, que telle pratique eh bien cela s’apprend avec des personnes sérieuses et compétentes, que des beaux discours ce n’est pas ça qui fait le Dom (ni le soum d’ailleurs)… cela nous fera gagner à toutes et tous du temps et de l’énergie ! Mais par contre, ne venez jamais pleurer le jour où vous aurez eu un problème, car vous vous retrouverez devant les portes que vous aurez vous-même fermées !


Et si nous « expérimentés », on arrêtait un peu d’être des bonnes poires à vouloir diffuser des valeurs dont personne ne semble avoir rien à faire, si on les laissez dans leur m… Parce que après tout,
c’est bien nous qui risquons de nous faire virer d’un groupe auquel nous participons (quand nous petons un câble devant la stupidité) et pas le kéké qui croit qu’il sait tout ni le souminateur à qui il faut expliquer le consentement et pas non plus la soumise narcissique qui sait tout mieux que tout le monde et qui pleurniche dès qu’on émet un avis différent du sien (même aimablement) ou qui se sent attaquée au moindre mot différent de « c’est super, c’est bien, bravo ».




Je ne suis pas sympa ? Je ne suis pas assez bienveillante ? Peut-être, mais que celui/celle qui n’a jamais pêché, me jette la première pierre !

NB: certaines remarques sont tout autant valables pour les novices qui ne sont pas sur les réseaux mais se lancent sans rien savoir la tête baissée dans le BDSM. Après tout, même pour du sexe classique, il y a des choses à savoir avant de se lancer (notion de consentement, contraception, IST-MST etc...).

La notion de RESPONSABILITÉ, ça parle encore à quelqu'un?




Lady Agnès



12 avril 2023

De liens et de cordes


Cet article ne parle que de ma vision à moi, que de ma façon d’envisager la pratique des cordes. Cela ne se veut ni une généralité ni la seule vision valable.

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«Là où se tissent les liens.»

E.


Comme beaucoup de personnes qui découvrent le BDSM et qui fouillent un peu sur la toile pour s’informer, j’avais entendu parlé du shibari mais je ne m’y étais pas intéressée plus que cela. Il suffit de voir certaines photos de personnes suspendues pour se dire, «oh la la ça a l’air super compliqué» mais surtout «ça a l’air super dangereux».

Mais comme dans ma pratique BDSM j’aimais contraindre et que je suis une personne curieuse, je me suis donc dit «pourquoi pas avec des cordes».

Et, quitte à essayer, autant que je m’informe sérieusement sur le sujet (comme je le faisais et le fais toujours à l’égard d’une nouvelle pratique). J’ai donc épluché la toile, trouvé plus ou moins facilement des informations, des tutos (eh oui, moi aussi j’ai fait cette bourde) mais aussi des informations de sécurité.

J’ai acheté 100 m de cordes de coton que j’ai coupé et que j’ai teint en rouge (depuis les joints de ma machine à laver sont rouges LOL).

Je me souviens encore de la première fois où j’ai attaché un soumis (c’était il y a 5-6 ans): je me suis dit «ouais bof, je vois pas pourquoi ils en font tous des caisses avec cette pratique».


Mais, quelques semaines plus tard, j’ai fait la rencontre d’une jeune femme qui arrivait juste dans la communauté BDSM. Nous avons sympathisé, elle m’a raconté faire des cordes avec un ou deux cordeurs du coin et m’a demandé si je voulais bien en faire avec elle. Elle voulait tenter avec une femme.

Il faut bien reconnaître que le résultat esthétique et technique n’y était pas mais ce que j’ai découvert ce soir-là, je ne l’oublierai jamais et a tout changé de ma vision des cordes.

Sentir le corps de la personne se détendre à chaque passage de cordes, sentir l’abandon, sentir le corps se retendre à chaque nouvelle tension de cordes pour ensuite se relâcher encore plus. Je comprenais qu’il fallait bien plus de confiance à une personne pour se mettre dans les cordes d’une autre qu’il n’en faut à un soumis pour se faire fouetter le cul.

Et ces sourires sur son visage, cet apaisement qui se dégageait d’elle.

Je comprenais que les cordes étaient un moyen de faire «voyager» une personne. Un voyage intérieur. Qu’en contraignant le corps, on libérait l’esprit.

Et enfin, une fois les cordes enlevées, cet état de relâchement total de son corps, lire sur son visage l’apaisement et la reconnaissance pour les sensations vécues…

Et me sentir envahie d’un profond sentiment de gratitude: pour la confiance qu’elle m’avait offerte, qu’elle se soit ainsi abandonnée, pour s’être autorisée cet abandon. Bien plus qu’un corps encordé, j’avais reçu un peu de son âme. Et c’était magique!

C’est à la suite de ce moment partagé que j’ai décidé d’explorer véritablement cette pratique.

Depuis, j’ai appris (au début auprès les mauvaises personnes puis enfin auprès de personnes réellement compétentes) et j’ai cordé diverses personnes (avec plus ou moins de plaisir), soit dans un rapport de domination soit dans un rapport neutre (même si il paraît que l’on y ressent tout de même mon coté dominant).

Cela m’ a permis, non seulement d’apprendre réellement la pratique (et je continue à apprendre) mais, surtout, cela m’a permis de définir précisément ce qui me convient et ne me convient pas dans cette pratique. Ce que je veux vivre et faire vivre dans ces moments-là.


Aujourd’hui, j’ai deux façons de pratiquer les cordes :


La première, celle que j’appelle  «moment de cordes».

Il s’agit d’une session de cordes où j’ai juste l’envie et l’intention d’amener la personne à un état de bien être, à se laisser aller.

Dans ces moments, je suis totalement consacrée à l’autre. Je n’impose rien, je n’exige rien, je n’attends rien, je donne. Je suis comme une masseuse dédiée au bien être physique et cérébral de l’autre.

Ce n’est par pour autant que je n’y prends pas de plaisir, mais juste que mon plaisir ne passe pas par les mêmes canaux que dans d’autres pratiques, c’est juste la joie de voir l’autre personne bien.


La deuxième, que j’appelle «jeu de cordes»,

Là, j’ai envie de jouer, envie d’amener la personne à certes se laisser aller mais surtout à ressentir des sensations diverses et variées en fonction de ce que mes cordes lui «imposeront»: douleurs (voulues et contrôlées), contraintes plus ou moins fortes.

Dans ces jeux, je me sens clairement dominante et j’ai envie que l’autre se «plie», au propre comme au figuré, à l’intention que je lui communique à travers mes cordes et ma façon de les manipuler, de les poser, de les tirer mais aussi à travers la façon dont je manipule son corps.

Il y a donc clairement quelque chose de l’ordre de la domination, mais il ne s’agit pas d’une domination qui impose coûte que coûte (ce n’est pas ma vision de la domination y compris dans un rapport purement BDSM), d’une domination abusante et destructrice, il s’agit comme toujours d’une domination qui a pour objectif d’amener l’autre à s’abandonner, à s’affranchir de toute réflexion, à se laisser aller dans un abandon libérateur pour s’affranchir de tous les carcans que l’on s’impose ou qui nous sont imposés dans la vie normale, de permettre à l’autre d’exprimer, dans un cadre sécurisé et sécurisant, un lâcher prise qu’il ne peut exprimer autrement. Un voyage intérieur dont je suis la pilote.

Dans ce jeu, le flux est continu et dans les deux sens. Je communique quelque chose et je reçois ce que l’autre me donne de lui/d’elle. Là, mon plaisir se trouve dans le fait d’avoir réussi à obtenir ce que je suis allée chercher, d’avoir emmener l’autre à la destination que j’ai choisi (bien entendu avec pour frontières les limites définies au préalable).

Dans ces moments, je suis, à des degrés plus ou moins importants selon le contexte, chasseresse, joueuse, sadique, douce, ferme.


Il y a cependant dans ces deux versions, un point commun: L’envie d’apporter à l’autre quelque chose.

Et c’est dans cette manière d’aborder la pratique que tout se joue chez moi, ce qui va faire que je pratique ou non avec une personne.

J’ai eu l’occasion d’essayer, mais ça ne fonctionne pas, il ne se passe rien, je ne peux pas encorder une personne avec qui je n’ai pas déjà tissé un lien.

Cela a en partie à voir avec le fait que la pratique des cordes implique une proximité physique étroite, que cela implique de faire entrer cette personne dans ma sphère intime alors que j’ai tendance à maintenir les personnes dans la sphère sociale (cf différents niveaux de distances chez l'humain). Je sais qu’il y a des encordeurs qui parviennent très bien à passer de la distance sociale (de 120 cm à 360 cm) à la distance intime (moins de 40 cm) sans avoir besoin de passer par la case distance personnelle (de 45 cm à 125 cm), qu’il y a des personnes qui parviennent à être proches physiquement de l’autre sans avoir besoin de l’être sur le plan psychologique, mais moi ce n’est pas mon cas. (*)

Ma pratique étant basée sur ce que j’apporte à l’autre je ne peux pas le faire si je ne connais pas un peu cet autre, si j’ignore qui l’autre est, et encore moins si il n’y a pas chez la personne ce petit quelque chose qui va me donner envie de le lui apporter, si je n’ai pas envie de prendre cet autre dans mes bras. Comme certains ne pourraient pas partir en week-end avec une personne inconnue, je ne peux emmener dans un voyage de cordes une personne qui m’est inconnue et dont je ne peux pas dire que cette personne est une personne que j’apprécie (je ne parle pas d’appréciation sociale de surface, mais personnelle), une personne à qui je n’ai pas envie de faire un cadeau.

Cela a aussi à voir avec une histoire de confiance.

En effet, dans mes différentes expériences, j’ai pu me rendre compte que si un modèle doit avoir confiance en son encordeur, il faut aussi que l’encordeur ait confiance envers le modèle.

Cela peut paraître surprenant mais, si il est indéniable que le modèle se met en jeu physiquement et psychologiquement, il ne faut pas omettre que la personne qui encorde se met aussi en jeu psychologiquement. Ainsi, un modèle qui ne sait pas communiquer clairement avant, pendant et après et vous avez le risque de créer mal-entendus et blessures. Des incidents pouvant aller à l’accident qui ne laissent jamais un encodeur indemne émotionnellement (à moins d’être le dernier abruti qui ne voit en un modèle qu’un mannequin inanimé ou qu’une proie). Nul(le) n’est non plus à l’abri d’un(e) modèle qui crie au loup ou dont la fragilité psychologique vous explose «en pleine poire».

Il convient de ne jamais oublier que avant d’être Dom/me, riggeur, sub , modèle, nous sommes avant tout des êtres humains et que c’est ce qui nous définit en tant qu’être humain que nous «amenons» avec nous dans nos pratiques.

En résumé, même si je dissocie pratique des cordes et lien BDSM, et même si j’aime pratiquer les cordes avec ceux qui me sont soumis, je peux tout à fait corder une personne qui ne l’est pas. Mais mon envie et ma façon d’encorder la personne sera toujours la concrétisation du lien et se fera en fonction du lien que j’ai avec.

Voilà pourquoi ma recherche dans la pratique des cordes n’a rien à voir avec le fait que je sois Domme/encordeuse mais tout à voir avec l’être humain que je suis, je recherche un partage humain avant tout. D’ailleurs pour cela que lorsque je prends des photos de mes modèles encordés, je m’attache  plus souvent à l’expression sur le visage ou ce que l’on peut voir du lien entre mes modèles et moi, que sur les cordes elles-mêmes.



Lady Agnès
















(*) NB : Il y a des personnes, aussi bien du côté encordeur que du côté encordé, qui axent plus leur pratique sur la corde (les pattern, le résultat esthétique, etc..) que sur la personne ou pour qui la pratique n’implique rien d’émotionnel envers l’autre. Je ne dis pas que c’est moins bien que ma vision, je dis qu’il s’agit d’une recherche différente et qu’il convient d’en parler  avec son partenaire avant de pratiquer (comme on parle des limites) afin d’éviter un investissement (ou non investissement) émotionnel en dissonance avec le partenaire.


Lady Agnès