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19 septembre 2016

Quelle chaleur! (par patou) fin du texte



Puis j’ai perdu le fil. La fatigue. La nuit. Je n’arrivais plus à tenir la position, ni à penser. J’étais vidée. Pas à la hauteur, je m’en voulais. Lady m’avait demandé ce qui se passerait si Elle me retenait cette nuit-là. J’avais peur de ça. Pas d’être déflorée, ni de dormir chez Elle, juste peur d’être aussi vivante qu’une poupée de chiffon, de me montrer sous un mauvais jour. Je me sentais déplacée, incongrue, avec pourtant toujours une forme d’excitation mentale. C’était étrange. Comme hors du temps. Lady m’a dit de m’exprimer lorsque j'ai soif, si j’ai chaud, si je suis fatiguée, mais comme je veux lui plaire j’hésite à le faire, ou plutôt comme si je prenais la responsabilité de rompre un charme. Mais à ne rien dire Elle peut ne pas comprendre, douter, se demander si Elle fait les choses bien, et je la mettrais en difficulté. Elle veut une soumise en forme, pas un chiffon. Je dois arrêter de me dire que je suis seule à savoir ce qui est bon.

J’avais, adolescent, deux ambitions professionnelles : être un réalisateur de cinéma et écrivain, et pute. Mon cousin m’avait dit qu’un de ses copains voulait que je le suce et qu’il me paierait pour ça. Ça n’est jamais arrivé et j’en voulais à mon cousin de ce faux espoir. Je m’imaginais déjà à genoux devant ce garçon plus grand que moi et le sucer comme une pro. J’ai eu le même sentiment avec le garçon dans le canapé, que j’étais sa pute. Et ce soir-là dans une boîte gay, ou à moitié déshabillé dans les toilettes du sous-sol entouré de plusieurs garçons qui imaginaient déjà faire une tournante, j’ai soudain pris peur malgré un désir exacerbé. Je ne me souviens pas si j’ai joui ce soir-là, mais émotionnellement c’était le cas.

Avec les femmes ce que je recherchais ce n’était pas de les baiser comme mes collègues mâles me l’expliquaient fièrement quand ils m’annonçaient avoir « sauté » une telle ou une telle. D’abord je ne disais jamais de noms. Parfois par alibi j’annonçais juste avoir passé une bonne soirée. C’est ce qui s’appelle forger un alibi. Mais j’aimais donner du plaisir aux femmes à qui je plaisais et qui me plaisaient. Elles furent aussi assez nombreuses, plus que ce que j’ai pu annoncer à ces mâles. Je n’avais pas besoin de me retenir d’éjaculer en elles j’étais tout entier obsédé par leur plaisir. La nuit pouvait passer en un éclair leur corps adoré, traitée en Princesse. Souvent elles attendirent de me voir éjaculer comme une preuve ultime que j’avais pris du plaisir. Elles s’en sont presque toutes inquiétées, preuve de leur altruisme, tout comme je me serais inquiété qu’un garçon ne gicle pas dans ma bouche alors que je le suçais. Les ai-je déçues ? Peut-être après tout. Mais j'avais l'impression de leur avoir apporté un moment de pur plaisir gratuit. Je me comportais déjà comme un jouet sans savoir que j'en étais réellement un.

Samedi donc, la chaleur eut raison de moi. Elle m’a enveloppé dans un brouillard. J’aurais peut-être dû prendre une douche froide. Dire simplement qu’il me fallait une demi-heure, une heure à boire. Pas un verre, un litre d’eau avec des glaçons. Au lieu de ça je me suis cru un chameau capable d’affronter le désert. Je regrette d’avoir fait ça, c’est stupide. Je ne suis plus un mâle qui décide de tout.

J’ai tellement envie de vivre ma vie de femelle bien dressée. Pardon Lady Agnès, patou doit maintenant porter le plug une heure (comme vous l’exigez), ça manque à patou, pas de plug hier soir, pas de plug ce matin, il faut que mon trou soit prêt Lady.

Fin





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