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14 septembre 2019

Une question de confiance



[NB: dans cet article, j'utiliserai les termes de Dom et soumis de manière non-genrée, lorsque je reste dans la généralité des relations BDSM. Précisions seront faites lorsque cela sera nécessaire.]


Définitions:

 Confiance: Croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle... d'une autre personne, qui fait que l'on est incapable d'imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompétence

MensongeAffirmation contraire à la vérité faite dans l'intention de tromper.




Il parait logique à tout le monde que les soumis doivent avoir confiance en leur Dom, qu'un Dom doit être digne de la confiance que l'on place en lui... confiance dans le fait qu'il respectera son consentement, ses limites, son intégrité physique et psychologique.
Cependant, on parle beaucoup moins de l'inverse, que le Dom doit aussi avoir confiance dans le soumis, que le soumis doit se montrer digne de la confiance reçue. Voilà ce dont j'ai, aujourd'hui, envie de vous parler.



Dans mes rapports humains en général, je donne à chaque individu que je rencontre un capital confiance de départ. Cela ne signifie en rien que j'ai, dès le début, une confiance aveugle en la personne et que je remettrai ma vie entre ses mains mais que je pars du principe que, jusqu'à preuve du contraire, la personne ne me ment pas.Cela peut paraître naïf voire utopique, mais si on part dès le départ avec de la méfiance (attention de ne pas confondre méfiance et prudence) envers une personne, il devient alors très compliqué de construire une relation.

Au fil du temps et des expériences de vie, mon degré d'exigence à l’égard de ma confiance placée s'est élevé, je pardonne de moins en moins toute trahison aussi infime soit elle.
En ce qui concerne le BDSM, ce degré est encore plus élevé.
A travers deux situations que je vais vous vous décrire, je vais tenter de vous expliquer pourquoi.




La premiere que je vais vous relater ne concerne pas la Domination mais la pratique des cordes.
Il fut convenu avec une connaissance de munch que je la corderai lors d'une soirée cordes qui se déroulait à Rouen. Lors de cette soirée, elle m'informa qu'elle avait un problème à l’épaule gauche et qu'il fallait donc être prudente. Je la cordais donc et tout se passa bien. Cependant, quelques éléments perturbateurs lors de cette soirée ne nous permirent pas de véritablement apprécier ce moment, je lui ai donc proposé que nous retentions une autre fois chez moi. C'est ce qui se passa quelques semaines plus tard. 
Plusieurs mois plus tard elle finit par me dire qu'elle avait, suite à cette deuxième session, souffert de violentes douleurs pendant plusieurs jours. Elle m'avoua alors qu'elle ne m'avait pas parlé des nombreux autres soucis de santé (en plus de son épaule) qu'elle avait.
" Mais si je te l'avais dit, tu ne m'aurais pas cordée!"

Bien sur que je ne l'aurais pas cordée ! ou au moins pas dans la position dans laquelle je l'avais mise !
Encorder une personne est déjà une pratique qui comporte des dangers (écrasement des nerfs entre autre...). 
Alors comment pensez-vous que je me sois sentie lorsque j'ai découvert qu'elle avait volontairement dissimulée des informations concernant sa santé? J’étais clairement très en colère, en colère car son mensonge aurait pu avoir de sérieuses conséquence dont même si ma responsabilité aurait été "atténuée" par le fait que je ne savais pas, je n'aurais pu m’empêcher de m'en sentir responsable. Et quelque part, oui, j'aurais été responsable, responsable d'avoir fait confiance à cette personne, responsable de penser qu'elle avait suffisamment de jugeote pour ne pas courir de risques pour elle-même (d'autant qu'elle me savait débutante), responsable de mon erreur de jugement la concernant.

Quelles conséquences cette mésaventure a-t-elle eu sur moi?
Tout d'abord, un blocage de six mois avant de pouvoir à nouveau corder quelqu'un. Il m'a fallu rencontrer une personne en qui je pouvais avoir une confiance totale. Et, aujourd'hui, il n'est plus question pour moi de corder une personne qui ne serait pas d’abord une connaissance très proche, que je connaisse donc très bien et en qui j'ai une entière confiance ou un soumis qui m'ait prouvé à plusieurs reprises qu'il est honnête!


Si un rigger ne peut compter sur l’honnêteté de ses modèles quant à leur état de santé réel, comment pratiquer? Comment faire pour que ce moment qui nécessite déjà une grande vigilance de la part du rigger (et aussi du modèle) reste un vrai moment de partage?



L'autre situation dont je vais vous parler concerne une relation Ds que j'ai eu. Mon soumis du moment avait pour instruction de rester chaste par le simple fait de l'ordre que je lui en donnais et de sa volonté (le port de la cage n'étant pas anatomiquement possible dans son cas) ou de me demander la permission en cas d'envie trop "impérieuse" (sans avoir la garantie bien sur que j'accorderai systématiquement cette autorisation). Au bout de trois mois, lors d'une discussion que nous avions quant à son attitude générale, il me lança qu'il n'avait jamais respecté cette règle.
J'ai 
immédiatement mis fin à la relation avec lui! S'il m'avait menti sur cela, sur quoi d'autre l'avait-il fait? 

Sans confiance, pas de respect. Sans confiance, on ne peut construire aucune relation, du moins rien de profond. Et c'est bien ce que sont les relations Ds: des relations profondes qui engagent l’être tout entier.
Sans confiance, on reste à la surface des choses sur le plan cérébral.

Maintenant, imaginons une situation moins engagée émotionnellement: un play-partenariat. Imaginez que vous, Dom, vous vous retrouviez en face d'une personne qui vous a déjà menti... Seriez-vous serein à l'idée de pratiquer quoique ce soit avec cette personne? auriez-vous l'esprit léger de la flageller (il s'agit bien sur d'un exemple)? ne vous demanderiez-vous pas si la personne, sous le prétexte d'obtenir ce qu'elle cherche, à fixer ses limites et parler de son état de santé en toute honnêteté? Qu'elle vous exprimera les choses en cas de soucis lors du "jeu"? Car même si la vigilance vous incombe, le partenaire a aussi sa part de responsabilité pour le bon déroulement d'une séance...
Pouvez-vous faire suffisamment confiance à quelqu'un pour "jouer" avec alors que dès le départ il a menti sur sa vie, son expérience etc..comme le font certains, juste pour obtenir ce qu'ils cherchent?
Vous, je ne sais pas mais, moi, je ne peux pas.




Sur le plan strictement humain, la confiance est une chose précieuse, mais sur le plan BDSM, il en va aussi de la sécurité physique des personnes. Donc, non je ne tolère pas le moindre mensonge, pas la moindre "omission" volontaire. Un des points sur lesquels je ne transigerai jamais!!!!




Lady Agnès

1 commentaire

  1. Tant que soumis, je ne comprends pas les gens qui mettent littéralement leur vie dans les mains d'une personne dominante, sans totale transparence de leurs soucis de santé physique et mentale. Il n'y a pas de pratique dans le BDSM qui est sans danger, donc sans cette transparence, on met sa propre santé en danger.
    Certes, ce n'est pas simple de parler de ses problèmes physiques et/ou psychiques.
    Il y a toujours une manière de trouver des pratiques qui conviennent aux deux, mais pour cela il faut être transparent et lucide.
    Si la personne dominante ne peut pas entrer dans sa propre bulle pour trouver son plaisir lors d'une séance, car il pense sans cesse à ce que l'autre lui n’a pas dit, il n'y aura pas de plaisir pour la personne soumise non plus, car elle n'entrera pas dans sa bulle non plus.
    La même chose est plus que vrai dans une relation D/s. Si une demande de la personne dominante est faite à la personne soumise, c'est justement pour que la personne dominante peut prendre le plaisir de dominer.
    Je conçois que certaines demandes peuvent être difficiles, voir impossible à accomplir, mais pour cela il y a de la communication qui est primordial et au centre d'une relation D/s. C'est la base de la confiance des deux côtés, donc la base de n’importe quelle relation humaine. Pourquoi le BDSM fera exception ?
    C'est peut-être justement le but recherché de la personne dominante, de mettre la personne soumise en difficulté pour la faire grandir, l'éduquer et avancer. Donc si une personne soumise rencontre une difficulté, il faut en parler avec la personne dominante pour lui donner la possibilité d’aider à la personne soumise d’accomplir la tâche demandée ou alors de la modifier, pour qu’elle reste difficile mais faisable.
    C'est que quand il y a un vrai échange, que sur le moyen ou longue terme, une relation D/s prends des ailes et des dimensions qui sont tellement bon à vivre des deux côtes des manches. Vaut mieux alors d’être transparent et communiquer et aussi de ne pas avoir peur d’être rejeté, car une chose est certaine : Les petits mensonges ou oublies d’information vont être découvert plus tôt ou plus tard.
    Humsi

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