[ NB : Dans cet article, je vais dire "Top" pour décrire celui qui reçoit le pouvoir (Dominant(e), Maître(sse), cordeur(se) ou juste « sadique » et "bottom" pour celui qui remet le pouvoir (soumis(e), esclave, encordé(e), masochiste)]
Comment,
alors que depuis le début de ce blog je vous « bassine »
avec la sécurité et la responsabilité, ai-je pu oublier de vous
parler du Safeword ?
Le
Safeword ou « mot d’alerte / de sécurité» est
pourtant à mes yeux un des éléments clé de toute relation BDSM :
il est le garant que tout ce qui est accepté/ vécu l’est dans le
consentement car il permet au bottom d’alerter le Top qu’il
souhaite que le « jeu » en cours cesse.
Il
s’agit d’un mot (ou d’un signal en cas d’impossibilité du
bottom de parler) qui doit être choisi avant toute pratique (lorsque
le Top et le bottom sont partenaires de jeu dans le cadre d’une
relation suivie, il est choisi une fois pour toute en début de
relation).
L’idéal
étant de choisir un mot simple mais surtout que l’on n’utiliserait
jamais pendant un moment de jeu, donc sans lien avec le contexte.
Simple,
car « anticonstitutionnellement » eh bien c’est pas de
la tarte à prononcer.
Hors
contexte, afin qu’il soit évident qu’il n’est pas prononcé par
réflexe ou par jeu, je m’explique : si le BDSM est basé sur
le consentement, certaines situations / pratiques peuvent parfois
induire chez le bottom des « non », « pitié »,
« stop » sans que cela signifie pour autant qu’il
souhaite que cela cesse. Oui, je sais, un « non » est un
« non » ! Et pourtant, parfois…
Prenons
un exemple « gentillet » qui rendra tout ceci plus
clair : une session de chatouilles… sous l’intensité des
sensations éprouvées des mots comme « pitié » « stop »
peuvent échapper au bottom mais ne pas forcement signifier qu’il
souhaite que cela cesse ou qu’il a véritablement atteint la limite
de ce qu’il peut supporter, par contre si il dit « soupière »
(et si c’est le mot que vous avez choisi ensemble) là, il est très
clair qu’il faut arrêter !
Le
Safeword est donc prononcé par le bottom pour signifier que quelque
chose ne va pas au Top : que ce soit parce que la pratique a cet
instant est vécu comme trop pénible (soit physiquement soit
psychologiquement) ou que ce soit pour avertir d’un « inconfort »
qui le distrait de ce qui est vécu (forte envie d’uriner, etc..)
et/ou qui peut mettre en danger sa santé (malaise, liens trop
serrés-douloureux etc.).
Lorsque
le Safeword est prononcé, le Top DOIT interrompre le jeu
immédiatement et s’enquérir de ce qui se passe pour agir
en conséquence.
Cependant,
il peut arriver qu’un bottom ne puisse physiquement pas prononcer
son Safeword, non pas parce que vous l’avez bâillonné car là en
théorie vous avez prévu un autre signal d’alerte, mais soit parce
qu’il n’est plus en état de « réfléchir » et/ ou
de se rendre compte qu’il peut se mettre en danger si la pratique
se poursuit soit parce que le malaise physique est déjà arrivé.
Le
deuxième cas est le plus « simple », là le Top est sensé s'en rendre compte et immédiatement arrêter et
réagir.
Pour le premier, là cela peut être plus compliqué. En effet, bien que le bottom ait la possibilité de dire de tout arrêter, cela ne dédouane absolument pas le Top d’être vigilant et de savoir observer avec soin le bottom tout du long de la pratique et de mettre lui-même fin à la pratique si il estime que cela peut mettre le bottom en grande difficulté / en danger.
Pour le premier, là cela peut être plus compliqué. En effet, bien que le bottom ait la possibilité de dire de tout arrêter, cela ne dédouane absolument pas le Top d’être vigilant et de savoir observer avec soin le bottom tout du long de la pratique et de mettre lui-même fin à la pratique si il estime que cela peut mettre le bottom en grande difficulté / en danger.
Voici
un exemple : lorsque je flagelle quelqu’un, j’observe les
réactions du corps, de la peau, de la respiration mais aussi je
demande régulièrement à la personne si elle « va bien ».
Un jour, l’une de mes « victimes » après plusieurs
« ok » ne m’a plus répondu (non non je vous rassure il
n’était pas mort mais juste en plein subspace)…
Ce jour-là, l’envie de flageller était
chez moi très
forte et je l’avais d’ailleurs convoqué pour satisfaire cette
envie… pourtant, et bien que mon envie n’était pas du tout
rassasiée à ce moment, j’ai considéré que puisqu’il n’était
plus en état de me répondre, il aurait été inconscient de ma part
de poursuivre. D’une
part, cela ne lui aurait rien apporté de plus et d’autre part,
parce que selon l’ustensile utilisé j’aurai pu le blesser sans
m’en rendre compte et sans que lui non plus ne s’en rende compte
puisque le corps baigné par les endorphines.
Je
finirai sur une remarque très personnelle, certains vous diront que
d’utiliser un Safeword peut être dangereux car cela semble
dédouaner certains Top de la vigilance de base et que, par
conséquent, le Safeword ne sert à rien et que c’est au Top de
faire attention, de savoir quand s’arrêter. Je suis profondément
contre cette vision ! Dire que la responsabilité ne doit reposer QUE sur le Top et que ce n'est QUE au Top de savoir
s’arrêter à temps, c’est imaginer que le Top est un être
parfait qui ne commet jamais d’erreur. A mes yeux, il s’agit
d’une aberration ! Le Top est et reste un être humain, avec
ces forces mais aussi ses faiblesses, l’être humain est, par
essence, faillible. Et les Top qui iraient prétendre le contraire
sont selon moi des orgueilleux dangereux ! Et les bottom qui le
penseraient, des inconscients tout aussi dangereux, pour eux-même
mais aussi pour les Tops qui les acceptent !
Donc,
de mon point de vue, le Safeword est et restera toujours la
sécurité ultime et indispensable, il rappelle aussi que la responsabilité est des DEUX côtés.
Voici
pour les bases du concept de Safeword.
Je pourrais développer aussi tout ce qui va autours de ce concept, mais d’autres l’ont très bien fait, je ne vois donc pas l’utilité de faire de redite…
Un premier document va vous permettre d'approfondir un peu le sujet... entre autres avec les notions de "goword" et de "slowword".
Dans ce deuxième, très
complet, « Le Safeword, préservatif du BDSM »
vous trouverez :
- Introduction
- Utilités et conséquences du safeword
- Autoriser les jeux de rôle
- Prévenir les risques physiques
- Prévenir les chocs émotionnels
- Rassurer la soumise
- Rassurer le dominant
- Libérer l'action
- Jouer sans veto, pas sans safeword
- Lorsque le safeword est prononcé
- Le safeword côté soumise
- Le safeword du lendemain
- Le safeword côté dominant
- Tester le safeword
- Le safeword pour le dominant ?
- Poursuivre le jeu après le safeword
- L'après safeword
- Annexe : Codes de couleur
Lady Agnès
Bonjour Lady Agnès,
RépondreSupprimerMerci pour cet article très complet.
A ce sujet une amie m'a fait part d'une utilisation très intéressante du safeword (feux tricolore en l’occurrence).
Avec sa meilleure amie vanille, elles l'utilisent en effet comme un outil de communication.
Par exemple puisqu'elles sont très bavardes entre elles ; lorsque l'une est excédée par l'autre ; elles ont convenu d'utiliser les mots "orange" ou "rouge".
Elles n'hésitent pas à utiliser le safeword, ne le prennent pas mal lorsqu'il est utilisé ; et résultat il y a donc moins de prises de têtes entre elles.
Respectueusement
k.