ou "Comment allier Domination et valeurs personnelles"
Tout d'abord, il faut que je vous dise: le principe de l'humiliation dans le BDSM et le plaisir qu'on en retire est encore un sujet bien nébuleux pour moi. Il me reste tant à explorer...
Pendant longtemps, et je l'avoue j'ai encore parfois quelques réticences / incompréhensions, je ne comprenais pas comment une personne pouvait avoir le besoin d’être humiliée ni comment une personne dominante pouvait éprouver l'envie et le plaisir d'humilier celui-celle qui s'offre à elle. Tout ceci ne me semblait pas très compatible.
Mais très rapidement, je me suis rendue compte que cette notion d'humiliation est en fait une chose très subjective, ce que l'un trouvera humiliant, l'autre ne le considèrera pas comme tel, voir même comme un honneur. J'ai aussi compris qu'une même action vue comme humiliante sera excitante pour l'un et pas pour l'autre. Et je ne vous parle même pas du contexte qui peut lui aussi rendre plus ou moins humiliante une pratique.
Mais, par-dessus tout, l'humiliation est une question d’état d'esprit, de part et d'autre.
Pour exemple, prenons l'action de prendre son soumis au gode ceinture. S'il s'agit toujours d'un acte de "possession", il peut être fait dans des objectifs bien différents: soit rabaisser le soumis, soit lui faire vivre un moment de plaisir (déjà apprécié ou à découvrir), voir les deux en même temps.
Pour ma part, lorsque j'ai commencé à dominer, je ne voyais pas cet acte comme humiliant pour le soumis et ne le faisais donc pas dans l’état d'esprit d'humilier. Mais, au fil du temps, je me suis rendue compte que pour certains cela signifiait être rabaissé, être traité en "femelle" (alors que pour moi il n'y avait rien de cette connotation dans le fait de prendre un homme, considérant juste que c’était là une autre façon de prendre du plaisir pour un homme - d'ailleurs il m’était arrivé dans le passé d'aller chatouiller le point P de certains de mes amants les moins coincés afin de renforcer leur plaisir-).
Je me suis également rendue compte que cette humiliation aidait les soumis à se sentir encore plus soumis, à lâcher prise davantage et qu'il me suffisait de prononcer des mots comme "chienne" pour que cela les emmènent sur une autre planète où ils sont encore plus dociles et dévoués, pour mon plus grand plaisir.
Les mots, voilà aussi une chose qui ne me fut pas aisée. Autant je peux être une infernale bavarde, autant lorsque je domine je n'ai besoin que de très peu de mots et, en plus, je n'ai jamais été une adepte des mots crus... il m'a fallu là aussi faire sauter chez moi un verrou. Ce fut en échangeant avec l'un de mes soumis dont j’étais la plus proche que j'ai pu commencer à comprendre ce que ces mots qu'ils entendent leur font: ne plus être la personne civile, ne plus être celui qu'ils affichent à longueur de journée...
Ce que j'appelle les "mots doux" les aident à se débarrasser du masque qu'ils affichent à longueur de journée, de cette image que la société et leur éducation leur demande d'arborer, mais aussi à vivre ce qu'ils n'oseraient jamais vivre dans un état de "conscience normale".
Une cagoule sur la tête de ce soumis m'a permis, grâce à la dépersonnalisation qu'elle induit, de me lâcher sur ce plan et d'y prendre beaucoup de plaisir.
Puis, il y eut ce soumis qui m’agaçait mais dont j’aimais malgré tout m'amuser à l’occasion. Après un de ses comportements de sale gosse idiot, j'ai accepté de le recevoir bien décidée à lui montrer de quel bois je me chauffe, à lui faire "payer" le prix de son incorrection.
Moi qui n'avais jusque là jamais été attirée par le fait de faire manger quelqu'un dans une gamelle (toujours cette difficulté à faire ce que moi je perçois comme humiliant), je l'ai fait manger dans son assiette plus bas que moi (pas au sol, j'ai un chat et je ne voulais pas que ce soumis soit déconcentré de ce qu'il subissait) mais sans couvert... Tandis que je savourais mon propre repas confortablement installée, je le voyais se démener tant bien que mal à attraper les petits bouts de pâtes avec sa langue et du bout des lèvres... dans un même temps, je m'amusais de le voir ainsi mais j’étais aussi fière de lui car il n'en mettait pas partout et n'avait pas laissé une miette. À ce moment là, je ne sais ce qui s'est produit en moi, mais sans même y réfléchir, je me suis levée, l'ai attrapé par le collier et l'ai trainé jusqu'à la salle de bain. Là, j'ai mis sa tête par dessus le rebord de la baignoire et lui ai passé le jet d'eau froide dans la figure, histoire de le débarbouiller. Je ne vous dis pas le pied que j'ai pris !...
Ce jour-là, j'ai juste fait ce dont moi j'avais envie sans me poser de questions, ce jour-là j'avais envie de savoir celle que je pourrais être si j'oubliais ce que mon éducation m'a appris, si j'oubliais "ce qui ne se fait pas" et cela fut libérateur.
Comme quoi, vous voyez, tout est question d’échelle de valeurs personnelles: prendre un homme au gode ceinture, n’était pas "outrageant " à mes yeux, mais le traiter en chien oui...
Tout ceci peut paraitre fort anecdotique pour qui est dans le BDSM depuis un certain temps, pour qui n'a jamais eu de problème à dépasser son éducation mais pour moi ce fut un cap. Depuis ce jour-là, je me lâche enfin plus...
Il semble que si pour les soumis il ne soit pas forcement simple de dépasser les codes sociaux du mâle "dominant", il n'est pas non plus forcement simple pour tous les Doms de dépasser les clivages enseignés par la morale: on ne maltraite pas une personne ni moralement ni psychologiquement.
Mais, dans le BDSM, tout est au-delà de ces clivages grâce à cette chose essentielle: le consentement et c'est cela qui change tout.
Donc oui, il m'a fallu rencontrer, observer,explorer, pour comprendre et pouvoir moi aussi me rendre compte de tous les bienfaits de l'humiliation dans le BDSM et pour y prendre beaucoup de plaisir.
Et vous savez quoi? Je suis très curieuse de savoir jusqu'où je pourrai aller... car j'ai très envie de découvrir ma part la plus "sombre" 😈 😈
Un article externe: doc original ou PDF
Lady Agnès
P.S: Et le chien? Eh bien, il n'a jamais aussi bien rampé que depuis ce jour-là et je lui réserve une petite surprise pour sa prochaine visite dont je me délecte rien que d'y penser... une surprise que je trouvais avant trop humiliante car trop ridicule mais dont aujourd'hui la simple idée me fait frémir de plaisir.😋
P.S: Et le chien? Eh bien, il n'a jamais aussi bien rampé que depuis ce jour-là et je lui réserve une petite surprise pour sa prochaine visite dont je me délecte rien que d'y penser... une surprise que je trouvais avant trop humiliante car trop ridicule mais dont aujourd'hui la simple idée me fait frémir de plaisir.😋
Un texte qui explique Votre Domination Madame. Merci pour cette lecture Madame. C'est toujours un plaisir de Vous lire.
RépondreSupprimerAyant eu à réfléchir sur ce sujet précis récemment, je confirme qu'il y a un aspect très subjectif. Mais je souhaiterais humblement rajouter un point : pour un soumis, qui met sa Compagne sur un piédestal, l'un des moyens de se rapprocher d'Elle sans pour autant L'avilir c'est justement de se faire humilier par Elle…
RépondreSupprimerÊtre le bouffon du roi (enfin de la Reine) reste un bon moyen d'être à la cour !
Être humilié par sa Domina renforce la hiérarchie entre les deux, laisse la Domina aussi haut que possible, et paradoxalement en rapproche le soumis qui a l'honneur d'être humilié.
En tout cas, pour moi, c'est comme cela que je le ressens.
β
Madame,
RépondreSupprimerTrès beau texte et tellement vrai.
Vous avez très bien expliqué toute la différence entre un manque de respect et une relation BDSM consentante dont l'humiliation fait partie. Cet Art D/S demande une complicité entre la Maîtresse et le soumis qui tissera leurs codes et jardins secrets. L'humiliation peut être pour certaines femmes de féminiser un homme, de l'amener a certaines pratiques soft bi sexuelles, de le considérer comme un chien ou un poney et de jouer avec lui comme un animal, c'est aussi le verbal et le nom verbal, le collier etc....
Tout mon respect.
Chris
J'adore ce nouvel article Agnès!
RépondreSupprimerC est toute cette difficulté que tu décris...
Non je refuse d être un "monstre" et de faire du mal pour faire du mal.
La frontière est si mince et ne tient qu' à une chose: l intention quon y met.
Merci!
Votre article est passionnant, en tant que soumis, me faire prendre au gode ceinture n’est pas réellement une humiliation mais bien un Plaisir ressentis dans votre sens.
RépondreSupprimerPar contre le mot « ma chienne » est-il est vrai un mot pour moi vraiment magique que j’aime beaucoup entendre, j’ajouterais que en tant que soumis, on peut percevoir plusieurs formes d’humiliation également.
« Ma chienne » venant du Dominant est exquis, il serait dit d’une personne extérieur, ça serait une humiliation et une réel insulte peut être intolérable pour le même soumis.
La différence de l’acceptation de l’humiliation réside pour moi là. Il y a une personne avec qui on l’accepte de le vivre et ou on peut le considérer même comme vous dite parfois comme un honneur.
Les autres par contre n’y sont pas convier.
« Ce jour-là, j'ai juste fait ce dont moi j'avais envie sans me poser de questions, ce jour-là j'avais envie de savoir celle que je pourrais être si j'oubliais ce que mon éducation m'a appris, si j'oubliais "ce qui ne se fait pas" et cela fut libérateur. »
Je pense que tous débutant qui veut se lancer en tant que Dominant(e) dans le Bdsm doit apprendre de cette phrase « j'ai juste fait ce dont moi j'avais envie sans me poser de questions »
ça parait si bête à dire et pourtant c’est réellement la basse selon moi pour Dominer outre bien entendu les notions de respects et de limite.
Faire ce qui plait au Dominant se laissé aller à ses envie et fantasmes, le soumis de son coter n’en sera que plus épanouis lui aussi de son côté.
Belle article merci à vous.
je suis débutant, soumis depuis toujours je ne l'assume reellement que grace à une de vos ferventes admiratrices mais je suis sans collier et même pas en phase d'éducation. Cela étant la lecture de Vos textes qui divergent tant des écrits sordides de la plupart de vos congénères, à prendre au sens éthymol... me donne du baume au coeur et même si malheureusement j'ai plus de 50 ans et suis à plus de 200kms de Rouen notamment et qu'en sus Vous n'êtes pas disponible en ce moment, donc même si je ne pourrai probablement jamais goùter à Vos cordes, Vos lanières Votre gode ceinture Vos attentions et Vos intentions; je tiens à Vous remercier pour le bien être que Vous me causez car je conserve espoir non pas que Vous soyez disponible que j'habite plus proche car cela est du domaine du réalisable mais pas de rajeunir mais de trouver sinon Votre alter ego, peut-être une Lady comme Vous qui ait ces valeurs et qui accepte de m'en faire profiter. grand merci encore Madame avec mes sincères respects paul71
RépondreSupprimerMerci à vous pour ce message.
SupprimerJe vous souhaite de trouver Celle avec qui vous vivrez un merveilleux partage.