“Tombée
dans le BDSM” , la formulation (voir l'article précédent) peut
surprendre, mais je n’en vois pas d’autre. En effet, je suis
devenue Dominatrice tout d'un coup et un peu par hasard (en même
temps, il semble que le terrain était plus que propice).
Donc
je vous plante le décor, j’ai 43 ans et j’ai derrière moi une
vie intime bien remplie : plusieurs vies de couple et “quelques”
amant·e·s.
En
“Vanille”, déjà, je n’étais pas forcément dans la norme
bien pensante : je vivais mes envies comme je l’entendais.
Pour
moi, le sexe n’était pas qu’une question de sentiments, mais de
plaisir, pris, partagé. Bref, s’il y a forcement sexe quand il y a
sentiments, l’inverse n’est pas forcément vrai : libertine
non, épicurienne oui !
J’avais
l’esprit large et peu de choses me choquaient mais, et parce que
certaines choses m’étaient totalement inconnues, j’étais encore
relativement “sage”.
Avec
les hommes, je dirigeais souvent la manœuvre, aimant à l’occasion
attacher et, quand ils n’étaient pas trop coincés, j’explorais
leur “côté sombre” et leur faisais découvrir leur point P.
Hétéroflexible,
j’ai eu quelques amantes (homosexuelles déclarées et aussi
quelques hétéros à qui j'ai fait découvrir ce que leurs amants ne
leur avaient jamais donné) et, là aussi, je menais la danse,
éblouie par leur visage transfiguré par le plaisir. Encore
aujourd'hui, je me souviens de chacune d’elles avec
émotion.
Dans
mes pérégrinations, j’ai rencontré des hommes que je trouvais
alors un peu “bizarres”…
Un
chef d’entreprise qui, lors d’un déjeuner, m’avoue qu’il
porte de la lingerie féminine, d’autres qui me racontent
qu’ils aiment se féminiser, un autre qui m’offre une
cravache pour mon 25ᵉ anniversaire, quelques-uns qui m’abordent
dans la rue et me disent “Bonjour Madame, je cherche une
Maîtresse pour me dominer”, etc...
Comme
je le disais plus haut, peu de choses me choquaient et celles-ci pas
plus que d’autres, je me disais pour les premiers “Après
tout, chacun fait ce qu’il veut” et, pour les derniers,
j’étais plutôt dans l’état d’esprit de me dire
"
J’ai pas l’air si peau de vache ?! ".
Le
plus marquant fut ce militaire. Après la première nuit, comme je
restais chez lui pour quelques jours, il m’avait dit le matin avant
de partir “Dans la pièce à côté, j’ai une cantine, si
cela te dit, va voir ce qu’il y a dedans”.
La
cantine militaire était de belle taille. Je vous dis pas la tête
que j’ai faite quand je l’ai ouverte : elle était remplie à
ras bord de “jouets”. Certains que j’identifiais sans problème,
godes (simples et doubles), des martinets, des menottes, des cordes
et d’autres qui me parurent très mystérieux. Je me rappelle avoir
à peine osé y toucher et refermé le couvercle avec la plus grande
précaution.Je n'étais pas prude mais, là, ça faisait beaucoup
chez un seul homme! Ne rigolez pas, c’était il y a plus de 20 ans
…
Dans
la journée, j’ai cherché de quoi lire et là encore je suis
tombée sur des livres dont le contenu m’a laissée perplexe…
sexe et douleur ? Un truc vraiment incompréhensible pour la
sensuelle que j’étais (et suis toujours)… Le soir venu, comme je
voulais tout de même savoir si cet homme était du genre à recevoir
ou à infliger, alors que nous étions au lit, je l’ai attaché aux
barreaux de son lit et j’ai commencé à le caresser. À un moment,
je l’ai un peu griffé et là il m’a sorti “vas-y,
fais-moi mal”… Je vous dis pas ma tête ! encore pire
que celle du matin devant les “jouets”… Cela m’a coupé la
chique et je l’ai détaché en disant que j’étais fatiguée…
(Soyez
sympa, les initiés, arrêtez de rigoler comme des baleines…quant
aux curieux et novices, je suis certaine que vous comprenez très
bien de quoi je parle).
À
l’époque, comme beaucoup, j’avais une image très limitée du
BDSM et comme Internet était encore assez confidentiel, je ne
pouvais pas aller me documenter.
Et
puis surtout, aucun d’entre eux n’avait eu le courage de
m’expliquer quoique ce soit !
Pendant
toutes ces années, j’ai donc été une femme libérée comme on
dit (mais ne croyez pas que je prenais le tout-venant, il y a eu plus
de râteaux acerbes que d’élus): maîtresse entreprenante d’hommes
célibataires ou mariés, compagne de conjoints qui me trouvaient
“castratrice” dans la vie quotidienne et bi un peu macho mais
tendre avec les femmes… mais finalement encore très "gentille".
Et
puis, il y a quelques mois, j’ai rencontré un homme marié sur un
site bien connu pour les rencontres extra-conjugales (moi, j'étais
célibataire mais je n'avais pas envie de tomber sur un spécimen qui
aurait envie de faire de moi la mère (ou la belle-mère) de ses
enfants ou même juste de me transformer en "bobonne").
À
notre deuxième rencontre dans un petit hôtel, nous étions à peine
arrivés dans la chambre qu’il s’est jeté à mes pieds pour les
embrasser en me suppliant " Laissez-moi vous adorer".
Je
ne sais si ce fut le fait de le voir ainsi à mes pieds, le mot
“adorer” , la supplique dans sa voix ou tout à la fois, mais une
chose est certaine, c’est qu’après la seconde d’étonnement,
j’ai apprécié et savouré.
Non
seulement, j’ai apprécié mais surtout je me suis dit "
Voilà, c’est ça"… Ce fut comme si j’avais toujours
senti qu’il me manquait quelque chose sans savoir quoi et que,
enfin, la révélation était là, une évidence.
Avec
lui, ce ne fut que des ébats où je dominais bien plus que je ne
l’avais fait jusque là, ce fut la première fois où je pris un
homme avec un gode, ce furent les premières fessées administrées,
quelques humiliations inflligées et le plaisir d’être vénérée,
adorée…
Par
la suite, j’ai exploré Internet, dévorant tout ce que je
trouvais, lisant, visionnant des vidéos, inscriptions sur des sites
spécialisés et dialogues avec des soumis.
Mais
l’inconvénient d’Internet c’est qu’on y trouve le meilleur
comme le pire et que, surtout, cela ne donne qu’une vision tronquée
des choses. Imaginez nos ados qui vont sur Youpo**, Xham**ou autres
sites pornographiques pour savoir comment on fait l’amour, quelles
images du sexe ont-ils ? Quels amants cela fera-t-il d’eux ?
une catastrophe…
À
ce stade, je me disais que j’étais plus dans la domination
cérébrale et que le martinet ce n’était pas un truc pour moi
(j’ai toujours eu horreur de la violence). Je disais “jamais”.
Et le test de mes “aptitudes” BDSM, que j’avais rempli et qui
me disait sadique à près de 60 % se plantait complètement.
Un
jour, sur un des sites sur lesquels je suis inscrite, j’ai
rencontré un “kinkster”. Nous nous sommes vus plusieurs
fois autours d’un verre, d’un dîner et puis il m’a proposé de
ramener son martinet en me disant " Vous essayerez et
vous verrez si cela vous plaît ou pas… au moins vous saurez".
Bref, un truc du style " Avant de dire que tu
n’aimes pas les haricots verts, goûte d’abord" qu’on
dit aux enfants… et comme je suis curieuse… (mais ça vous
l’aviez compris avec le coup de la cantine militaire)
Les
premiers coups, on est presque hésitant, on se lance presque comme
dans le vide, et puis on voit ce corps se tortiller de plaisir, le
sexe en érection, alors on hésite moins et … Eh bien ça y est,
on a mis les doigts dans le pot de confiture.
Et
je peux vous dire que, depuis, ce n’est plus seulement les doigts
que j’ai dans le pot, mais toute la main, tout le bras… le corps
tout entier… et je me régale.
Bonjour Lady Agnès,
RépondreSupprimerContente de faire Votre connaissance(sourire), je ne regarde plus les cantines militaires depuis que j'ai lu vos textes ... Quoi que ... cérébralement , un homme qui hurle "oui chef" en faisant des pompes au sol cela m'a toujours mis dans des émois(sourire)...
Bien à Vous , Melle sweet.
Bienvenue à vous Melle Sweet
RépondreSupprimerFabuleuse Femme Domina, qui transmet une folle envie d'échanger et de vous rencontrer Lady Agnès...
RépondreSupprimerCe billet ma fait rire, non pas par ce qui vous est arrivé qui est un cheminement respectable et qui a dû vous amenez a des situations cocases mais de l’autodérision dont vous faite preuve dans l’article.
RépondreSupprimerJ’ai eu un parcours toute autres, avec certain épisode dont aujourd'hui je serais vraiment très gêner de raconter. Vous avez beaucoup de courage au final de raconter tous cela.
Pour faire double écho a cette article et un peu écho a un autre billet que vous avez écrit « à l’attention des soumis ».
Moi je me souviens que à mes début, j’avais une idée très précise de « ma relation souhaiter » je ne savais pas alors que le Bdsm existait, bien sûr il est très vite arrivé à mes oreilles et quand j’ai voulu me lancer dedans, en cherchant sur internet comme vous dite (à propos de youp et xham…. ) je suis tombé malheureusement sur une face visible bien pitoyable du Bdsm, tous ce qui a trait à la prostitution et aux donation financière, me sentant du coup seul, et ayant abdiquer a ce qui semblait « la marche à suivre » pour bien plus tard trouver des sites (fl and co) ou j’ai enfin découvert que je n’étais pas seul aux monde et que ma vision du Bdsm était partager par la VRAI communauté et non pas celle visible au premier abord.
Pour les soumis débutant c’est d’ailleurs le piège le plus grand, croire que seul les dominante vénal existe et que les autres non. GROSSIERE EREURS de bleu (et je ne parle pas des fesses avec x coups) que de croire que des vrais Dom avec une culture Bdsm n’existe pas. La preuve au final avec ce blog. Au final les gens qui tomberont sur votre blog bien viellant seront de sacrer veinard bien chanceux ^^
Magnifique premier article qui donne envie de découvrir d'avantage Votre blog.
RépondreSupprimerKarl
Plus je vous découvre, plus j'apprécie la femme que vous êtes.
RépondreSupprimerMerci Lady Agnès.
Respectueusement Ma