"c’est ton boulot aussi de ne pas faire n’importe quoi."
texte trouvé sur fetlife
Merci
@Lill_Leo d'avoir bien voulu traduire ce
texte de Lorlen
[Avertissement
#1 : Je ne suis en aucun cas une experte de plus de 50 ans
d’expérience. J’apprends, je suis novice, et honnêtement, une
grande partie de cette liste vient des erreurs que j’ai moi-même
commises.]
J’en
ai un peu assez de voir le même message circuler dans toute la
communauté et sur Fetlife. En tant que communauté nous faisons très
attention aux Doms irresponsables et dangereux : qui se comportent
comme des prédateurs, qui manquent de respect, qui envoient des
signaux alarmants. Et naturellement, il circule en permanence des
informations expliquant qu’il ne faut pas jouer avec eux, qu’il
faut les éviter, et qu’il ne faut pas agir comme eux.
Sauf
qu’il y a très très peu d’infos de ce genre concernant les
bottoms et les soumis. La plupart des guides destinés à aider les
bottoms à négocier des scènes dans la communauté expliquent
comment se protéger des prédateurs – et il faut que j’insiste
là-dessus, oui, les comportement prédateurs sont un problème
sérieux, que je ne veux pas minimiser – mais je pense que si l’on
ne se focalise que sur « comment éviter les prédateurs », comme
si c’était l’alpha et l’oméga de la sécurité pour les
soumis, on est irresponsable aussi. Cette façon de voir les bottoms
gomme un grand nombre de nuances des interactions kinky, et
déresponsabilise le bottom, ce qui est mauvais pour sa sécurité.
Une
mauvaise interaction, ça n’est pas forcément un comportement
prédateur, et les scènes qui se passent mal ne sont pas toutes la
faute du Top seulement. Afin d’éviter les désastres, le bottom
conscient peut faire plus que simplement éviter les prédateurs. Et
c’est de cela que nous allons maintenant parler.
[Avertissement
#2 : je parle surtout des scènes hors partenaires réguliers. Dans
les dynamiques et relations établies, les gens ont des rôles très
différents, et leur relation exige ce travail sur la responsabilité.
Au final, on délègue la responsabilité selon la préférence de
chacun, mais pour les scènes hors partenaires réguliers, il faut
être prêt à assumer au moins 50% de la responsabilité.]
1.
Sois responsable de ton corps.
Ton
Top doit pouvoir compter sur des informations exactes et honnêtes de
ta part. Les Tops ne lisent pas dans les pensées, et même les gens
qui ont énormément d’intuition ne peuvent pas savoir que tu as eu
un rhume toute la semaine, que tu es un peu crevé, que ton boulot te
stresse, et que s’ils te poussent un peu trop loin les choses vont
mal tourner.
Ton
Top ne peut mesurer ta tolérance, ou tes signaux (verbaux, langage
corporel) que s’il sait d’où tu pars. Tu dois absolument évaluer
ta forme physique avant de jouer, et informer ton Top de toute
situation inhabituelle.
Je
crois fermement en la doctrine RACK : tu peux consentir à n’importe
quel degré de risque, mais cela sous-entend une compréhension
totale de quels sont ces risques. Tous, un par un. Je ne dis pas
qu’il ne faut pas jouer si tu ne te sens pas bien, mais que si tu
n’es pas à 100%, c’est un risque dont les deux partenaires
doivent être informés avant de commencer.
Evalue
:
- Les problèmes médicaux : blessures, maladies, tout ce qui peut t’embêter.
- Ton degré d’hydratation, si tu as mangé.
- Ton niveau de fatigue.
- Ta tolérance à la douleur (surtout en période de règles, quand la sensibilité fluctue).
- La prise de médicaments (anti-inflammatoires non stéroïdiens, anticoagulants, antidépresseurs, alcool) qui peuvent influencer la scène.
- La préexistence de réactions négatives à une scène : qu’est-ce qui les a provoquées ? Est-ce qu’elles sont susceptible de se répéter ?
- Si tu penses que l’un de ces critères peut affecter la scène, fais-le savoir à ton Top.
2.
Sois responsable de ton état mental.
Pareil
que plus haut, mais pour la santé mentale. Il est possible de jouer
en étant stressé, au bord de la crise, pas bien, en difficulté
etc., et je ne dis pas que c’est irresponsable. Mais il faut
s’assurer que le Top consent aux risques supplémentaires que cela
entraîne. C’est irresponsable de jouer dans ces états si tu ne
mets pas le Top au courant.
Tout
le monde n’est pas à l’aise avec les maladies mentales, ni ne
sait comment les gérer. Sois honnête sur ton état, et ne joue pas
avec des gens qui ne savent pas faire face à une attaque de panique,
une dissociation ou une crise. Ou alors, prends le temps d’informer
et de former ton Top sur tes besoins dans une telle situation.
Et
ne prends pas en compte que les maladies mentales, mais aussi ton
état émotionnel. Il se peut que tu doives modifier la scène pour
en tenir compte – j’en parle dans la partie #4.
Continue
d’y faire attention pendant la scène, et si tu sens que tu atteins
un pic émotionnel, demande à mettre fin à la scène ou re-négocie
avec ton Top. Parfois on ne se rend pas compte qu’on ne va pas bien
jusqu’au dernier moment, et la solution c’est d’agir rapidement
dès qu’on en a pris conscience.
C’est
mieux de mettre fin à une scène dans la sécurité, que de se finir
dans un état mental horrible avec un Top complètement abasourdi.
3.
Sois responsable de ta communication.
On
communique tous différemment quand on joue. Certains ont des
safewords, d’autres font des phrases, certains parlent, d’autres
ont le subspace complètement muet. On a tous un langage corporel
différent. Es-tu conscient de tes tendances, tes habitudes, de ce
qui est bon pour toi et de ce qui montre que ça ne va pas ?
Explique
à ton partenaire à quoi ressemble ton subspace, ce que tu fais
quand ça ne va pas. Si tu as tendance à devenir muet, dis-le lui.
Si quand tu es muet c’est que ça ne va pas, dis-le lui.
Donne-lui
des indications, qu’il sache à quoi ça ressemble quand tu as du
mal. Je dis à mes partenaires que si je fais du bruit, c’est pour
une bonne raison, et que si je crie, ça veut probablement dire que
je fais de gros efforts pour m’en sortir. Mais tu peux être
complètement différent de moi.
Avant
de jouer, précise :
- Un safeword, et d’autres moyens de négocier l’intensité de la scène lors du jeu.
- À quoi tu ressembles en subspace.
- À quoi tu ressembles quand quelque chose se passe mal.
4.
Sois responsable de tes limites.
Il
ne s’agit pas seulement de négocier avant le jeu ce qui est un «
oui » et ce qui est un « non ». Il s’agit d’être conscient de
façon dynamique de ses limites et de quand il faut s’arrêter. À
moins de jouer régulièrement de façon poussée, tu ne sais
peut-être pas quand c’est, et ça n’est pas grave : pour les
jeux hors partenaires réguliers, il vaut mieux pencher du côté de
la prudence.
Jouer
jusqu’à ses limites et les dépasser, ça peut être absolument
génial, c’est clair. Tout le monde est différent, mais je trouve
que jouer à ce niveau est imprévisible : ça peut être incroyable,
comme ça peut virer à la catastrophe. Ne mets pas un Top qui ne se
doute de rien dans cette situation difficile : ne même pas avoir
senti que tu avais atteint ton point limite il y a dix minutes.
Si
tu sens que tu es proche du point de non-retour, ou que le contenu de
la scène se rapproche dangereusement de tes limites, il serait
intelligent de safeworder. Parfois, je savais que j’allais vraiment
« péter un câble » en plein milieu d’une scène, éclater en
sanglots, et je voulais vraiment le faire – mais j’ai safewordé
parce que mon Top n’avait absolument aucun moyen de savoir si ça
me faisait du bien ou s’il y avait quelque chose qui n’allait
vraiment pas.
Si
tu as l’intention de jouer à ce niveau, ce serait une bonne chose
de discuter de ce scénario avant le début de la scène. Sinon, il
faudra peut-être faire une pause en plein milieu et faire savoir à
ton Top quel est ton état mental.
Parfois,
interrompre une scène pour renégocier peut être désastreux pour
ton état d’esprit. Penche du côté de la prudence, et safeworde
s’il le faut. Il y aura toujours une prochaine fois, où vous serez
tous les deux prêts à approcher de cette zone plutôt que d’y
être précipités sans contrôle.
Une
partie de tout cela a très certainement à voir avec le paragraphe
#2 – selon ton état émotionnel, tes limites peuvent changer du
tout au tout. Tes partenaires doivent savoir ça aussi.
5.
Sois responsable de ta sécurité technique.
Tu
devrais être capable de connaître le degré de sûreté de tout ce
que fait ton Top, et le niveau de risque qui en découle. Si tu
commences une nouvelle sorte de jeu, et que tu ne sais pas trop quels
sont les risques, il faut en parler avec ton Top.
Dans
un monde parfait, tu devrais pouvoir comprendre aussi bien que ton
Top les principes de sécurité de chaque activité à laquelle tu
participes. Bien sûr, ça n’est pas toujours possible, mais essaie
de t’informer et de te former dès que tu peux.
Pourquoi
? Parce que tu as besoin de reconnaître les pratiques pas
sécuritaires, et de le faire remarquer à ton Top ! C’est aussi ta
responsabilité. C’est ton corps, et il faut que tu sois en mesure
de reconnaître une situation physiquement pas sûre.
C’est
doublement valable si ton Top manque d’expérience, et tu dois être
prêt à l’accompagner et à le conseiller. Bien sûr, joue avec
des Tops novices et aide-les à acquérir l’expérience dont ils
ont besoin ! Mais il faudra peut-être que tu partages ta
connaissance et tes savoirs.
Peut-être que ce n’est pas ce que tu préfères – ne joue pas avec eux à moins d’être prêt à prendre la parole et à dire à ton partenaire que ce coup de martinet était trop haut / trop bas, que cet encordage est trop serré, qu’ils ont oublié une étape dans la désinfection du matériel pour des aiguilles ou du couteau.
Peut-être que ce n’est pas ce que tu préfères – ne joue pas avec eux à moins d’être prêt à prendre la parole et à dire à ton partenaire que ce coup de martinet était trop haut / trop bas, que cet encordage est trop serré, qu’ils ont oublié une étape dans la désinfection du matériel pour des aiguilles ou du couteau.
Souviens-toi
que l’ignorance n’est pas toujours méchante ou délibérée.
Parfois, juste, les gens ne savent pas, ou ont oublié. Un Dom de
merde et un Dom sans expérience ne sont pas nécessairement la même
chose – et tu peux jouer un rôle pour combler ces lacunes.
Assiste
à autant de workshops, d’ateliers et de réunions que possible, et
forme-toi. Deviens plus habile. La question n’est pas de savoir si
tu veux toper un jour, c’est juste essentiel.
J’ai
lu des guides pour les encordés absolument incroyables, donc je ne
vais pas en parler là, mais il faut que je dise que c’est une
activité où il est nécessaire d’avoir des connaissances. Ta
sécurité dépend à 100 % de ta capacité à identifier la bonne et
la mauvaise douleur, les problèmes de nerfs et de circulation. Ce
n’est pas de la faute du Top si tu ne lui dis pas quand tu sais
qu’un encordage ne fonctionne pas pour toi.
Au risque de me répéter.
Au risque de me répéter.
Si
tu y fais attention, tu verras que tous ces choses sont le parfait
contrepoint de ce que les Tops sont censés faire pendant une scène.
Et c’est fait exprès – vous avez des responsabilités égales et
opposées. Surtout quand tu joues avec quelqu’un de novice, pour la
première fois.
Si
tu fais attention à tout ça, tu réduiras considérablement les
chances qu’une scène tourne mal émotionnellement ou physiquement,
et tu augmenteras les chances que vous retiriez tous les deux ce que
vous voulez de cette scène.
Quand
tu commences à connaître un partenaire, et qu’il commence à te
connaître, une bonne partie de tout cela est implicite, ou déjà
négocié entre vous. Il sait comment jouer, tu sais à quoi
t’attendre, et ce qui va arriver. Dans des dynamiques bien
établies, on n’a peut-être besoin d’aucune de ces informations
– on les partage déjà constamment, dans la relation, en dehors du
jeu. Peut-être que la question de qui a la responsabilité en cas de
souci a été renégociée.
Mais
en tant que bottom, surtout novice, dans les jeux hors partenaires
réguliers, quand il n’y a pas de base pour la plupart de ces
questions, garde ces conseils à l’esprit. Chaque conseil ici
correspond à une fois où je n’ai pas fait ce qu’il fallait, et
où la scène a mal tourné – la plupart, en fait, dans une
relation déjà établie. On apprend tous, et je continue à merder
sur ces points… assez régulièrement pour ne pas en être fière.
Et
par-dessus tout, souviens-toi que 50 % de la probabilité qu’une
scène se passe mal vient de toi, et que tu peux y remédier. Les
Doms ne sont pas des créatures magiques qui peuvent anticiper et
réduire à néant tous les problèmes avant même qu’ils ne se
présentent, et on n’a pas à penser qu’ils doivent l’être, et
à coller à tous ceux qui ne s’y conforment pas une étiquette de
« mauvais Dom ».
Évite
les prédateurs et les Tops irresponsables – mais évite aussi de
faire les mêmes erreurs qu’eux :)
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